Les militaires de l’opération Sentinelle seront mobilisés pour la prochaine manifestation des « gilets jaunes »

Le 2 décembre dernier, soit au lendemain des dégradations subies par l’Arc de Triomphe et des scènes de guérilla urbaine sur les Champs-Élysées lors du « troisième acte » du mouvement des « gilets jaunes », le syndicat Alliance Police nationale avait émis l’idée de faire appel aux militaires de l’opération intérieure [OPINT] Sentinelle afin de soulager les forces de l’ordre de leur mission consistant à protéger les édifices publics.

Cette solution ne fut pas retenue pour une raison rappelée par Geneviève Darrieussecq, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, Florence Parly. « Les missions dévolues à l’armée sont des missions très claires : c’est la protection du territoire contre des agressions extérieures. […] À l’heure actuelle, l’ennemi des armées, c’est le terrorisme. Nous avons des missions intérieures avec l’opération Sentinelle qui sont des missions ciblées contre le terrorisme », avait-elle affirmé à l’antenne de BFMTV. En clair, l’armée n’a en effet pas vocation à faire du maintien de l’ordre.

Finalement, pour le « 4e acte » des « gilets jaunes », il fut décidé de déployer des véhicules blindés à roues de la gendarmerie [VBRG] dans les rues de Paris… Et de renforcer les effectifs de gendarmes et de policiers.

Avec une mobilisation annoncée en perte de vitesse par le ministère de l’Intérieur, les annonces gouvernementales sur le pouvoir d’achat et la tenue du grand débat national, les violences commises lors des manifestations hebdomadaires des « gilets jaunes » ont par la suite baissé d’intensité… Du moins était-ce le cas jusqu’au 16 mars, jour où les Champs-Élysées, difficiles à sécuriser du fait de leur configuration [1.910 mètres de long pour 70 mètres de large avec de nombreuses intersections], ont de nouveau été le théâtre d’incidents particulièrement graves, avec des bâtiments incendiés [banque Tarnaud, restaurant Le Fouquet’s, etc], des kiosque à journaux détruits ainsi que des boutiques vandalisées et pillées.

Le gouvernement a donc réagi en conséquence. À la préfecture de police de Paris, plusieurs responsables ont ainsi été « remerciés », dont le préfet, Michel Delpuech, son directeur de cabinet, Pierre Gaudin, et le directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne, Frédéric Dupuch. Puis le Premier ministre, Édouard Philippe, a donné le détail de nouvelles mesures, dont, notamment, l’interdiction de manifester dans les quartiers les plus touchés par les violences quand des « éléments ultras » sont annoncés, autonomie accrue pour les forces de l’ordre, renforcement de la police judiciaire sur le terrain, recours accru à l’article 40 du code de procédure pénale contre les personnes légitimant, voire encourageant les violences.

Est-ce parce que les autorités ont obtenu des renseignements précis faisant état de menaces particulières contre les bâtiments officiels? Toujours est-il que ce qui était catégoriquement exclu il y a trois mois est désormais d’actualité, alors que se profile le 19e acte des « gilets jaunes ».

« Des moyens spécifiques seront déployés dès le week-end prochain, avec, et cela a été annoncé […] par le Premier ministre, des brigades anti-casseurs, l’usage de drones, de produits avec des marquages indélébiles, une zone de filtrage en amont et, le président de la République l’a indiqué ce matin, la mobilisation renforcée du dispositif Sentinelle pour sécuriser les points fixes et statiques. Nous ne pouvons pas laisser une infime minorité violente abîmer notre pays et détériorer l’image de la France à l’étranger. Les prochains jours seront donc décisifs », a ainsi déclaré Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres de ce 20 mars.

« On a à notre disposition cette mission Sentinelle assurée par des militaires et qui ont parfaitement vocation à sécuriser les lieux, comme d’ailleurs nos concitoyens ont l’habitude de les voir », a ensuite précisé M. Griveaux.

Sauf que le ministère des Armées est très clair sur les objectifs de l’opération Sentinelle, lancée en janvier 2015. Ainsi, explique-t-il, Sentinelle est une « opération militaire de lutte contre le terrorisme visant à renforcer la protection des Français, avec des moyens militaires (humains et matériels) mettant en œuvre des savoir-faire militaires, aux côtés et en complément des forces de sécurité intérieures. » Et d’ajouter : « Disposant d’un mode d’action dynamique, les militaires s’adaptent et se coordonnent pour se déployer là où la menace est présente, dans le cadre d’un dialogue civilo-militaire accru à tous les niveaux qui permet d’ajuster le dispositif aux besoins de protection du moment. »

Par ailleurs, et depuis l’automne 2017, le dispositif Sentinelle est organisé selon trois cercles, avec 3.500 militaires en permanence sur le terrain, 3.500 mobilisables pour les grands événements et 3.000 qui se tiennent en réserve en cas de crise.

Cela étant, le recours aux forces armées pour des missions relevant du maintien de l’ordre est défini par l’article D1321-6 du code de la Défense.

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