Le développement du successeur des missiles SCALP, Exocet et Harpoon a franchi une étape

Pendant que, lors d’interminables débats à Westminster, les députés britanniques n’arrivent pas à se mettre d’accord avec le gouvernement de Theresa May sur les modalités du Brexit [retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, ndlr], la coopération militaire entre Paris et Londres continue d’avancer, malgré les incertitudes actuelles. Du moins est-ce le cas pour le moment…

En effet, le 19 mars, via un communiqué, le missilier MBDA s’est réjoui du « succès de la revue principale d’architecture [« Key Review »] du programme FMAN/FMC [Futur Missile Antinavire / Futur missile de croisière] qui, lancé en 2017, vise à développer le successeur des missiles de croisière SCALP et anti-navires Exocet au cours de la prochaine décennie.

Cette revue principale d’architecture, menée conjointement par la Direction générale de l’armement [DGA] et le Defence Equipment & Support [DE&S] britannique dans le cadre d’une phase de concept pour laquelle 100 millions d’euros ont été débloqués, a permis de définir les concepts les plus pertinents et « prometteurs » sur lesquels reposera le développement de ce nouveau missile.

« Des études plus poussées de ces concepts seront poursuivies en vue de faire émerger les solutions qui seront retenues au terme de la phase de concept en 2020, pour couvrir les besoins des deux pays pour les missions d’antinavire à longue portée, de suppression des défenses ennemies et de frappe dans profondeur », explique MBDA.

Cela étant, et si l’on sait que les technologies retenues concerneront la portée, la létalité et la survivabilité de ce prochain missile, l’industriel a été avare en détail, alors que le débat entre Français et Britanniques consistait à savoir s’il fallait développer un engin supersonique et manoeuvrant ou subsonique et « furtif ». Et il n’a pas dit un mot non plus sur les enjeux de la connectivité du FMAN/FMC.

« En matière de connectivité, l’enjeu est d’inscrire le FMAN/FMC au sein des systèmes d’armes du futur, à commencer par le système de combat aérien du futur, à propos duquel nos deux pays ont, pour l’heure, annoncé des projets séparés », avait en effet relevé la députée Natalia Pouzyreff, lors de la présentation d’un rapport sur ce sujet devant la commission de la Défense.

Quoi qu’il en soit, il s’agira d’établir ensuite une feuille de route « de maturation des technologies requises », puis une « phase d’élaboration et de réduction des risques », laquelle précédera le développement et la production du FMAN/FMC à l’horizon 2024, pour une mise en service en 2030.

Du moins, tel est le calendrier prévu. Au moins deux éléments peuvent le faire dérailler. Ainsi,  les modalités du Brexit [avec ou sans accord, ou avec un accord différent de celui obtenu par le Foreign Office avec Bruxelles], pourraient éventuellement avoir un impact sur l’organisation « One MBDA », les efforts R&T [recherche/technologie] ainsi que sur le programme MCP-IP [Matériaux et Composants de Missiles – Innovation and Technology Partnership]. Mais c’est surtout la rupture capacitaire qui affectera la Royal Navy en 2023, c’est à dire quand ses missiles antinavires Harpoon arriveront en fin de vie, qui est source d’inquiétude.

Si ce « trou » capacitaire pourra être partiellement comblé par le missile ANL [anti-navire léger ou Sea Venom], toute la question est de savoir si la Royal Navy aura assez de patience pour attendre le FMAN/FML en prolongeant ses Harpoon [ce qui paraît peu probable] ou si elle achètera sur étagère un autre type de missile.

Selon le rapport publié par les députés Natalia Pouzyreff, et Charles de la Verpillière, le ministère britannique de la Défense [MoD] examine plusieurs options, dont l’achat du Long-Range Anti-Ship Missile [LRASM] de Lockheed-Martin, le Naval Strike Missile [NSM] de Kongsberg et Raytheon, le RBS15 Mk3 de Saab, la version Block II+ du Harpoon, voire l’Exocet MM40 Block 3.

Quoi qu’il en soit, ont prévenu les députés, si le MoD « Si devait opter pour un achat sur étagère, et qu’il était en mesure de sécuriser le financement, un tel choix pourrait avoir d’importantes répercussions pour le programme FMAN/FMC. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]