L’avion de combat F35, future pomme de discorde au sein du gouvernement italien?

Initialement, l’Italie avait exprimé l’intention de se procurer 131 avions de combat F-35A/B auprès du constructeur américain Lockheed-Martin afin de remplacer les Panavia Tornado de l’Aeronautica Militare ainsi que les AV-8B Harrier II de type STOVL [décollage court/atterrissage vertical] de la Marina Militare. Puis, la crise économique du début des années 2010 contraignit Rome à revoir ses plans et à réduire le besoin à 90 exemplaires.

Dans le même temps, l’industrie aéronautique italienne a été associée très tôt à ce programme américain. Ayant le statut de partenaire de niveau 2A, il lui revient d’assembler les F-35A/B destinées aux forces transalpines ainsi que ceux commandés par les Pays-Bas. Pour cela, une usine – la FACO, pour Final Assembly and Check Out – a été inaugurée en 2013 à Cameri. Ce site sera ensuite appelé à assuré les opérations de maintenance ds F-35 en service en Europe.

Seulement, l’arrivée au pouvoir d’une coalition « anti-système » a changé la donne. En effet, allié à La Ligue de Matteo Salvini, le Mouvement cinq étoiles [M5S] a toujours été très hostile à l’idée d’acquérir des F-35. Issu de cette formation politique, Angelo Tofalo, nommé secrétaire d’État à la Défense, s’est récemment attiré les foudres de ses collègues pour avoir parlé en bien de l’avion conçu par Lockheed-Martin.

« Nous parlons de ces F-35 de manière souvent déformée. […] Le programme F-35 a maintenant 20 ans (et) il est en train d’évoluer. Contrairement à ce que l’on dit souvent, il s’agit d’un avion bénéficiant d’une technologie optimale, peut-être le meilleur au monde à l’heure actuelle », avait-il en effet affirmé lors d’une audition parlementaire. Ce qui lui valut une réponse cinglante de Luigi Di Maio, le chef du M5S.

« Le Mouvement 5 étoiles a toujours été critique et reste critique sur le F35. Nous devons réduire les dépenses inutiles et en 2019, il y aura une révision du programme. Les F35 ne sont pas notre priorité », avait-il fait valoir.

Pour rappel, 11 exemplaires du F-35 ont déjà été livrés à l’Italie.

Reste que, le 14 mars, Rome a accepté de débloquer 389 millions de dollars pour financer un lot de F-35 qui avait été commandé par le précédent gouvernement. Cela étant, d’après le communiqué publié par le palais Chigi [présidence du Conseil italien, ndlr] à l’issue d’un entretien entre Guiseppe Conte, le chef du gouvernement, et Elisabetta Trenta, la ministre de la Défense [qui vient du M5S, ndlr], une étude « sur les besoins spécifiques » de l’aviation militaire transalpine « sera conduite afin de s’assurer que les prochaines commandes correspondront effectivement à notre stratégie de défense. »

Or, selon des rumeurs évoqués par la presse italienne, il est prêté à Mme Trenta l’intention de diviser par deux le nombre de F-35 devant voler avec des cocardes italiennes. Et c’est là que Matteo Salvini, le chef de file de La Ligue et vice-Premier ministre, est sorti du bois.

« Tout effort pour ralentir ou réduire [l’achat de F-35] serait à mon avis préjudiciable » pour le pays, a en effet lancé M. Salvini lors d’une conférence de presse, à Rome, le 14 mars. « Quand je donne ma parole, je vais jusqu’au bout », a-t-il insisté, avant d’estimer que toute révision à la baisse du nombre de F-35 commandés aurait des répercussions sur l’industrie aéronautique italienne – et donc pour l’économie du pays. En outre, a-t-il ajouté, en évoquant la France et l’Allemagne, « je ne vois pas pourquoi on offrirait un cadeau à nos principaux concurrents ».

En attendant que les uns et les autres accordent leurs mandolines, le chef d’état-major de l’Aeronautica Militare, le général Alberto Rosso, a fait part de ses inquiétudes aux députés italiens. « Le F-35 est la seule solution viable. Une alternative consisterait certainement à s’appuyer sur des plateformes anciennes, obsolètes et coûteuses », a-t-il dit.

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