Ses défenses « cyber » renforcées, le porte-avions Charles de Gaulle a appareillé de Toulon pour la mission Clemenceau

Cela faisait plus de deux ans que le porte-avions Charles de Gaulle n’avait plus quitté Toulon et ses environs en raison d’un arrêt technique majeur [ATM], qui aura permis de moderniser son système de combat et ses installations aéronautiques ainsi que de recharger ses chaufferies nucléaires et de vérifier plusieurs points critiques [usine électrique, les catapultes, les lignes d’arbre, et les ailerons de stabilisation].

Désormais, le porte-avions est doté de nouveaux capteurs : le radar SMART-S a remplacé les DRBJ-11B et deux tourelles optroniques EOMS NG pour la surveillance, l’acquisition et la poursuite de cible complètent désormais le système ARTEMIS, qui permet d’assurer une surveillance permanente à 360° des menaces conventionnelles et asymétriques.

Si les radars DRBV-26D [veille air lointaine en bande D, avec portée de 500 km] et l’Arabel [utilisé pour désigner les cibles aux missiles Aster 15, en bande X et d’une portée de 100 km] ont été conservés, les deux DRBN-34 ont été démontés pour mettre à la place des Terma Scanter 6000 pour la navigation.

La fibre optique a remplacé les fils de cuivre et le système d’exploitation naval des informations tactique [SENIT-8] repose sur le protocole IP. Le central opérations a été modernisé avec le remplacement des vieilles consoles par des interfaces dignes de l’époque [écrans plats, claviers, etc…]. Des écrans géants fixés sur les cloisons permettent de suivre la situation en temps réel, de même qu’une table traçante numérique tactile.

Le risque cyber a évidemment été pris en compte, comme l’expliqe le commandant des opérations [COMOPS] du navire dans les colonnes de la revue Air Fan.

« Les serveurs du porte-avions ont été rénovés et un système de surveillance a été installé pour contenir les cyber-attaques. Il est scindé en plusieurs centres de surveillance armés par des spécialistes formés à détecter et contrer ce type d’attaque. Nous sommes résolument entrés dans une logique de développement de la cyber-résilience à tous les niveaux. Nous avons un noyau de personnes affectées à différents services du bord. Ils s’attachent à vérifier que tous nos systèmes demeurent étanches aux éventuelles tentatives d’intrusion et de perturbation en utilisant des outils spécifiques, des sauvegardes et des techniques avancées », a confié le COMOPS.

Étant que la prédominance des systèmes informatiques, cet accent sur la défense « cyber » d’un navire tel qu’un porte-avions montre que les menaces auxquelles il s’expose désormais ne se limitent plus à une torpille bien envoyée ou à une attaque aérienne…

Après sa sortie du bassin, ses essais en mer et la qualification du groupe aérien embarqué [GAé], le porte-avions Charles de Gaulle, avec 30 Rafale à bord, a terminé sa remontée en puissance en prenant part, en février, à l’exercice FANAL, au cours duquel près de 250 catapultages et appontages ont été effectués.

Désormais fin prêt pour reprendre les opérations, le « Charles de Gaulle a donc appareillé de Toulon, ce 5 mars, pour une mission de 4 mois, appelée « Clemenceau ». Cette dernière, détaille le ministère des Armées, doit lui « permettre de participer aux opérations aéromaritimes en Méditerranée orientale et au Levant, d’accroître la connaissance des zones traversées, de renforcer la coopération européenne et de nourrir les partenariats stratégiques que la France entretient au Proche et Moyen-Orient, ainsi qu’en océan Indien. »

Malgré la demande de Tokyo de le voir faire une escale au Japon, le groupe aéronaval français ne devrait pas s’aventurer dans les eaux de la mer de Chine méridionale. Du moins n’est-ce pas « prévu »… Il faut dire que cela froisserait Pékin…

En effet, le ministre britannique des Finances, Philip Hammond, a ainsi récemment reconnu que l’annonce faite par Gavin Williamson, son collègue de la Défense, au sujet d’un déploiement à venir du porte-avions Queen Elizabeth en mer de Chine méridionale avait rendu plus compliquées encore les relations entre Londres et Pékin, alors que les échanges commerciaux sino-britanniques ont atteint un niveau record en 2017.

Quoi qu’il en soit, le porte-avions Charles de Gaulle et son escorte auront un programme assez chargé, avec une participation à l’opération Chammal au Levant [alors que le califat auto-proclamé par l’État islamique vit ses dernières heures] ainsi qu’à plusieurs manoeuvres aéronavales [Ramsès en Égypte, « Varuna » en Inde et un exercice avec la marine japonaise dans l’océan Indien]. Enfin, il est prévu une escale à Singapour, à l’occasion de la tenue du Shangri-La Dialogue, en juin.

Pour ce déploiement, le « Charles de Gaulle » dispose de 20 Rafale Marine, de 2 E2C Hawkeye [pour le guet aérien], de 2 Dauphin Pedro et d’un hélicoptère NH-90 NFH Caïman. Son escorte [Task Force 743] se compose de la frégate de défense aérienne [FDA] « Forbin », de la frégate multi-missions [FREMM] « Provence », du Bâtiment de commandement et de ravitaillement [BCR] « Marne » et d’un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA]. Deux autres frégates – l’une danoise [Niels Juel], l’autre portugaise [Corte Real] – complètent ce dispositif.

Car, en effet, la TF 473 accueillera, au fil de ce déploiement, d’autres navires, notamment européens. Elle « pourra en effet s’appuyer, en son sein et au cours de différents moments de la mission Clemenceau, sur des bâtiments issus de plusieurs marines étrangères. Ce sont le Portugal, le Danemark, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Australie et les Etats-Unis qui nous rejoignent dans le déploiement du groupe aéronaval », souligne le ministère des Armées.

« C’est d’abord un message européen. Car chaque frégate alliée qui se joint au GAN, chaque hélicoptère qui apponte sur le Charles de Gaulle, c’est une des étoiles de notre drapeau européen. Celles qui, ensemble forment ce cercle parfait, symbole d’unité et de coopération », a commenté Florence Parly, la ministre des Armées, en s’adressant à l’équipage du porte-avions.

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