Le Qatar semble déterminé à se procurer le système de défense aérienne russe S-400

En janvier 2018, on apprenait que le Qatar négociait l’acquisition de plusieurs batteries de défense aérienne S-400 « Triumph » auprès de la Russie. Cette annonce n’a évidemment pas été très bien accueillie aux États-Unis dans la mesure où l’émirat est déjà doté des systèmes américains Patriot PAC-3 et THAAD [Terminal High Altitude Area Defense], ce qui pourrait poser des problèmes de compatibilité [sauf à livrer à Moscou des informations clés sur ces matériels].

En outre, en se procurant des systèmes russes, le Qatar pourrait faire l’objet de sanctions de la part de Washington, étant donné que la loi américaine dite CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act] vise à empêcher tout commerce avec des entreprises russes du secteur de l’armement.

Cela étant, comme le Qatar accueille une importante base américaine [qui abrite le quartier général de la composante aérienne de l’US CENTCOM] et que l’émirat vient de commander 36 avions F-15 à Boeing, le risque de sanctions à son égard paraît improbable.

En revanche, l’Arabie Saoudite n’est pas disposée à voir l’émirat se doter de systèmes russes. Surtout dans le contexte actuel : Riyad et Doha ayant rompu leurs relations diplomatiques. Selon le quotidien Le Monde, dans un courrier adressé à l’Élysée, le roi Salman aurait exprimé sa « profonde préoccupation » à l’égard des négocations entre le Qatar et la Russie ainsi que ses inquétudes au sujet des conséquences que pourraient avoir l’installation de S-400 chez son voisin sur la sécurité de l’espace aérien saoudien.

« Le royaume serait prêt à prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminer ce système de défense, y compris une action militaire », aurait écrit le roi Salman, avant de demander, toujours d’après Le Monde, au président Macron « son aide pour empêcher la vente et préserver la stabilité de la région. »

Cela étant, le Qatar n’est pas disposé à céder à la moindre pression. « En ce qui concerne les achats d’armes de la Russie […] Nous pensons que ce n’est ni l’affaire de l’Arabie saoudite ni celle d’aucun autre pays », a lancé, ce 4 mars, cheikh Mohammed ben Abdelrrahmane Al-Thani, le ministre qatari des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse donnée au côté de Sergueï Lavrov, son homologue russe. Et d’insister : « C’est une décision souveraine du Qatar. »

Quoi qu’il en soit, rien n’est encore fait pour le moment. « Il y a des discussion sur l’achat de divers équipements russes, mais il n’y a pas encore d’accord sur cet équipement en particulier », a ensuite précisé Cheikh Mohammed, au sujet des S-400. Ce qu’a confirmé M. Lavrov. « Nous avons signé un accord de coopération militaro-technique il y a un an et demi et nous avons confirmé aujourd’hui ce document », a-t-il dit.

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