Les États-Unis défendront les Philippines contre « toute attaque armée » en mer de Chine méridionale

En 2012, la Chine envoya des bateaux de pêche protégés par ses forces navales dans les eaux du récif de Scarborough, alors sous contrôle des Philippines. Et cet atoll d’une superficie de 150 km2, situé au large de l’île de Luçon, est passa ainsi sous pavillon chinois.

Ce qui motiva Manille à saisir la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, laquelle désavoua Pékin dans un avis rendu publié en juillet 2016, en affirmant que les prétentions chinoises en mer de Chine méridionale n’avaient « aucun fondement juridique ».

Dans le même temps, les Philippines et les États-Unis renforcèrent leurs relations militaires, en révisant, en avril 2014, les clauses d’un traité de défense mutuelle signé en 1951.

Seulement, l’élection du président Rodriguo Duterte changea la donne. Hostile à Barack Obama [qui le lui rendait bien], il mit l’affaire du récif de Scarborough et de celui appelé Second Thomas Shoal en sourdine pour mieux amorcer un rapprochement avec la Chine [et la Russie] et remettre en cause les relations militaires avec Washington. « J’ai donné suffisamment de temps aux Américains pour jouer avec les soldats philippins », avait-il lancé, octobre 2016.

Cela étant, la prise de la ville de Marawi, dans le sud du pays, par des groupes jihadistes liés à l’État islamique [EI] fit que M. Duterte dut revoir son attitude à l’égard des États-Unis [et même de l’Australie], lesquels apportèrent un soutien militaire aux Philippines. En outre, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, lui facilita aussi les choses…

Cependant, ce réchauffement des relations entre Manille et Washington ne remit pas en cause les projets de M. Duterte de se procurer du matériel militaire – notamment des sous-marins – auprès de la Russie.

Aussi, la diplomatie américaine fait ce qu’elle peut pour convaincre les Philippines de ne pas céder aux sirènes russes. D’où les propos qu’a tenus son chef, Mike Pompeo, lors d’un déplacement à Manille, le 1er mars.

« La construction d’îles et les activités militaires de la Chine en mer de Chine méridionale menacent votre souveraineté, votre sécurité et donc vos moyens de subsistance, de même que ceux des États-Unis », a affirmé M. Pompeo, lors d’une conférence de presse donnée au côté de Teodoro Locsin, son homologue philippin.

Aussi, a-t-il ajouté, « la mer de Chine méridionale appartenant au Pacifique, toute attaque armée contre les forces philippines, ses avions ou ses vaisseaux en mer de Chine méridionale activera les obligations mutuelles de défense définies par l’article 4 de notre traité de défense mutuelle. »

Jusqu’à présent, il y avait un doute sur l’activation de cette clause de défense mutuelle, le traité de 1951 indiquant seulement qu’une partie se porterait au secours de l’autre qu’en cas d’une « attaque armée dans le Pacifique ». Or, à Manille, on n’était pas tout à fait certain que cela englobait la mer de Chine méridionale. Ce qui explique la précision donnée par M. Pompeo, qui est aussi une forme d’avertissement lancé aux autorités chinoises.

Ces dernières n’ont évidemment pas manqué de réagir. « Grâce aux efforts conjoints de la Chine et des pays riverains concernés de la mer de Chine méridionale, la situation dans la région est de plus en plus stable, et s’améliore », a fait valoir Lu Kang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Par conséquent, si un pays extérieur à la zone, comme par exemple les États-Unis, a vraiment à coeur la paix, la tranquillité et le bien-être des peuples de la région, alors il devrait s’abstenir de mener toute provocation délibérée, et de semer le désordre », a-t-il ajouté.

Pour rappel, Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale et pratique la politique du fait accompli face aux revendications de ses voisins, dont les Philippines, le Vietnam, Bruneï ou encore Taïwan. D’où la militarisation d’îlots situés dans les archipels Spratleys et Paracels, ce qui donne théoriquement à la Chine d’entraver la liberté de navigation dans cette partie du monde, située à un carrefour d’importantes routes maritimes commerciales.

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