Doté de la nacelle RECO NG, le Rafale fait son retour au Sahel pour des missions de reconnaissance

En 2016, l’état-major de l’armée de l’Air [EMAA] avait décidé de réorganiser des « plots chasse » au Levant et au Sahel en ne déployant plus qu’un seul type d’appareil pour chacun de ces théâtres d’opérations.

La principale raison avancée pour expliquer cette mesure était qu’il fallait « rationaliser » le soutien logistique, ce dernier étant plus compliqué à mettre en oeuvre quand des avions différents se côtoient. En outre, s’agissant des Mirage 2000D alors déployés en Jordanie au titre de l’opération Chammal, il s’agissait d’économiser leur potentiel à un moment où les moyens aériens étaient fortement sollicités pour réduire le califat autoproclamé par l’État islamique [EI ou Daesh].

En effet, il avait été expliqué qu’un Mirage 2000 engagé au Levant générait « la consommation de potentiel de 5 appareils restés en métropole et un équipage » et qu’un problème de pertes de compétences était craindre au regard des difficultés à s’entraîner pour les équipages les moins expérimentés.

Une autre raison était que les Mirage 2000D, avec leurs deux missiles MAGIC d’auto-protection, n’avaient pas de capacités air-air suffisantes pour évoluer dans l’espace aérien syrien, moins « permissif » que les autres…

Ainsi, il fut décidé que les Rafale se concentreraient uniquement sur les opérations au Levant tandis que les Mirage 2000D, épaulés par des Mirage 2000C et N, resteraient engagés au Sahel.

Près de trois ans plus tard, et alors que les opérations aériennes au Levant [du moins pour l’armée de l’Air] semblent nettement se ralentir [24 sorties aériennes entre le 20 et le 26 février pour aucune frappe, comme la semaine passée], des Rafale sont de retour au Sahel.

En effet, le 24 février, trois Rafale [de l’EC 3/30 Lorraine] ont atterri à N’Djamena [Tchad] dans le cadre d’un « renfort temporaire planifié de capacités » de la force Barkhane, explique l’État-major des armées [EMA]. Plus précisément, a-t-il ajouté, il s’agit d’apporter une « capacité temporaire de renseignement d’origine image ‘champ large’ complémentaire d’autres capteurs déjà présents comme […] les drones ou l’imagerie satellitaire. »

En effet, et contrairement au Rafale, le Mirage 2000 n’est pas en mesure de mettre en oeuvre la nacelle de reconnaissance de nouvelle génération RECO NG, mise en service au sein de l’armée de l’Air en 2011.

Pour rappel, ce « pod » RECO NG permet de prendre des photos en haute comme à très basse altitude, de jour comme de nuit. Grâce à ses capteurs optique pouvant tourner à 180°, il peut pointer un objectif sous différents angles, voire plusieurs en seul passage.

« En superposant, pour un même site, une image en vision diurne et une autre prise en infrarouge, des éléments peuvent être découverts, comme la trace thermique d’un avion qui vient de décoller ou la présence d’hélicoptères dans des hangars », expliquait à l’époque un pilote de l’escadron 1/7 Provence.

S’agissant de ce retour du Rafale au Sahel et de la nacelle RECO NG, le Commandement de la composante air de la force interarmées – de l’Afrique centrale et de l’ouest [JFAC-AFCO, pour Joint Force Air Component Command] explique qu’il est « apparu nécessaire de rafraichir la connaissance de certains points d’intérêts de la zone. » Et d’ajouter : « À l’issue du déploiement, les forces militaires françaises pourront ainsi disposer d’une appréciation de situation de ce vaste espace géographique enrichie et actualisée. »

Par ailleurs, ce déploiement à N’Djamena permettra d’avoir une idée de la situation dans le nord du Tchad, voire dans le sud de la Libye, comme cela a été le cas dans le passé. En effet, en 2015, un dossier de presse publié par l’Élysée à l’occasion de la venue du président Hollande à bord du porte-avions Charles de Gaulle avait vendu la mèche en mentionnant des vols de reconnaissance effectués par des Rafale du groupe aérien embarqué [GAé] au-dessus du territoire libyen. Par la suite, et a priori, d’autres missons de ce type furent menées par la 30e Escadre de chasse, basée à Mont-de-Marsan.

Quoi qu’il en soit, ce déploiement de Rafale au Tchad est donc « temporaire ». Mais les prochains devraient s’inscrire dans la durée, en raison de la rénovation à mi-vie des Mirage 2000 D de 55 Mirage 2000D, confirmée par la Loi de finances 2019.

Photos : Armée de l’Air / EMA

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