L’aviation militaire belge risque une pénurie de pilotes

Certes, le format qu’aura la Défense belge à l’horizon 2030 sera réduit étant donné qu’il est prévu de ramener ses effectifs de 30.000 à 25.000 militaires. Seulement, elle est d’ores et déjà confrontée à un problème de taille [si l’on peut dire] car elle peine à recruter suffisamment pour compenser les départs à la retraite de ses personnels les plus anciens.

En effet, 1.709 militaires belges ont quitté l’uniforme en 2018. Et il y en aura 1.622 cette année. Et à cela, il faut ajouter ceux qui résilient leur contrat d’engagement : ils ont été 351, l’an passé, à faire une telle démarche. Et, comme le souligne le quotidien De Morgen, « trop peu de jeunes choisissent une carrière militaire » pour espérer renouveler les effectifs.

Ces problèmes de ressources humaines affectent toutes les composantes de la Défense belge. Et s’agissant de la force aérienne d’outre-Quiévrain, la tendance semble s’accélérer, d’après des chiffres obtenus par le député Veli Yüksel [CD&V, Chrétiens-démocrates et flamands] auprès de Didier Reynders, le ministre de la Défense et des Affaires étrangères.

Ainsi, en quatre ans, le nombre de pilotes d’hélicoptères a baissé d’environ 20%, passant de 89 à seulement 72. Même chose pour les pilotes de transport, mais dans un laps de temps plus court : ils étaient 85 en 2016… Et ils ne sont plus que 69 maintenant.

La « casse » est en apparence limitée pour les pilotes de chasse puisque, en deux ans, leur nombre est passé de 93 à 88. Cependant, comme le souligne M. Yüksel, pour mettre en oeuvre les 54 F-16 MLU de la composante aérienne belge, il faudrait pouvoir compter sur un minimum de 86 pilotes. « Donc, il n’y a presque pas de surplus », a-t-il logiquement relevé.

Les énormes besoins de l’aviation civile expliquent en partie cette tendance. Et cette dernière risque encore de s’accentuer au cours des prochaines années. Ce qui préoccupe le député belge, même si la composante « Air » aura moins d’avions d’ici 2025 puisque 34 F-35A remplaceront les 54 F-16 actuellement en service.

« Mais nous aurons également besoin d’environ 55 pilotes pour cela, donc si nous n’intervenons pas aujourd’hui pour arrêter le déclin, nous aurons bientôt un problème », a en effet expliqué M. Yüksel.

Pour espérer inverser la tendance, la composante « Air » devra mettre l’accent sur le recrutement et se montrer attractive. Et surtout dissuader ses pilotes de céder aux sirènes du privé une fois qu’ils ont été formés.

Former un pilote demande du temps et coûte très cher. Dans le cas où il déciderait de rejoindre le civil, comme il en a la possibilité au bout de six ans de service, alors le ministère belge de la Défense est en droit de lui demander le remboursement d’une partie de sa formation. C’est « encore trop peu. Idéalement, les pilotes devraient rester entre 10 et 15 ans dans l’armée », estime Veli Yüksel.

Photos : Composante « Air » de la Défense belge

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