Le Tchad envoie 500 soldats au Nigéria pour combattre le groupe jihadiste Boko Haram

Candidat à un second mandat, le président nigerian, Muhammadu Buhari, a assuré ses compatriotes qu’ils pourraient voter en sécurité lors de l’élection présidentielle organisée de 23 février au Nigéria, après avoir été reportée d’une semaine pour des « raisons logistiques ».

Seulement, dès l’ouverture des bureaux de vote, la ville de Maiduguri, capitale de l’État de Borno, a été la cible de plusieurs attaques lancées a priori simultanément par le groupe jihadiste Boko Haram, lequel avait fait part de son intention de perturber le scrutin. Selon des éléments à confirmer, le quartier général de la 7e division de l’armée nigériane aurait été pris pour cible. Et, selon une source de l’AFP, au moins un soldat a été tué et 20 autres blessés. « Il y a eu d’autres explosions à la caserne de Maimalari mais aucune victime », a-t-elle précisé.

Après avoir été mis sur la défensive, grâce notamment à l’intervention de la Force multinationale mixte [FMM], créée sous l’égide de l’Union africaine avec le concours du Tchad, du Niger, du Nigeria, du Cameroun et du Bénin, Boko Haram a repris de la vigueur au cours de ces derniers mois. Et cela, en dépit d’une scission en deux factions distinctes, dont l’une a pris le nom d’ISWAP, après avoir été reconnue par l’État islamique.

Dirigée par Abou Mosab al-Barnaoui, l’ISWAP a infligé d’importantes pertes aux forces nigérianes. Pertes qu’Abuja a souvent cherché à minimiser, avant d’évoquer, récemment, des « revers » face à cette organisation jihadiste.

Dans le même temps, l’autre faction de Boko Haram, commandée par Abu Bakar Shekau, le chef « historique » du groupe terroriste avant sa scission, s’en prend aux populations civiles. Sans doute est-ce elle qui a été à l’origine de l’attaque de la localité de Rann, qui a fait une soixantaine de tués en janvier dernier.

Cela étant, l’ISWAP [Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique] ne cesse de se renforcer au fil du temps, au point de représenter une menace très sérieuse. Comptant entre 1.500 et 3.000 combattants, ce groupe a « acquis une forte capacité opérationnelle et multiplié les attaques contre des bases militaires et des villes », souligne un récent rapport d’Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies. « Entre juillet et décembre 2018, il a tué plus de 700 soldats nigérians et s’est emparé de leur matériel », ajoute-t-il.

En outre, l’ISWAP « n’a connu aucun revers important en 2018 » et a même « amélioré sa situation financière », poursuit le document, qui précise que ce groupe est « parvenu à se doter de drones, à accroître la quantité et la qualité de son matériel de propagande, à recruter davantage parmi la population locale et même à attirer un petit nombre de combattants terroristes étrangers. »

Face à cette organisation jihadiste, l’armée nigériane se trouve en grande difficulté, en raison d’un manque de moyens, d’un moral en berne et surtout de l’absence d’une stratégie cohérente.

C’est donc dans ce contexte que le Tchad, qui, comme le Niger, doit faire face à des incursions répétées de Boko Haram sur son territoire, a décidé l’envoi au Nigéria de « plus de 500 soldats. » L’annonce de ce déploiement a été faite auprès de l’AFP par le colonel Azem Bermendoa Agouna, le porte-parole de l’armée tchadienne.

La mission du contingent tchadien, qui dépend du 2e secteur de la Force multinationale mixte, est de « prêter main forte » à l’armée nigériane contre Boko Haram. « Partis de N’Djamena vendredi en fin d’après-midi [22/02], les soldats « sont passés par Kousseri, ville de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun frontalière du Tchad, avant d’entrer dans le nord-est du Nigeria », a précisé le colonel Agouna.

La dernière fois que l’armée tchadienne est intervenue dans le nord du Nigéria, en 2015, le groupe Boko Haram avait subi une série de revers qui n’ont finalement pas pu être exploités totalement. Et son retrait, selon un rapport de l’ONU, a coïncidé avec la reprise des activités de l’organisation jihadiste [laquelle a aussi été favorisée par la fin du recours, par Abuja, à des sociétés militaires privées…].

Par ailleurs, la France surveille de près la situation dans la région du Lac Tchad. « Nous soutenons la force multinationale mixte, avec les Britanniques et les Américains », a en effet rappelé Florence Parly, la ministre des Armées, lors de son dernier passage devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale.

« Nous accompagnons en matière de renseignement, les forces qui sont impliquées dans la lutte contre Boko Haram. Nous le faisons dans le cadre de la coordination entre la France, les États-Unis et le Royaume-Uni au sein de la cellule de coordination et de liaison. Mais nous le faisons aussi de façon bilatérale, en appuyant le Tchad et le Niger », a ajouté la ministre, après avoir estimé que les « les progrès dans la lutte contre Boko Haram étaient insuffisants. »

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