Sahel : Le numéro deux d’un important groupe jihadiste tué lors d’une opération de la force française Barkhane

En octobre 2012, l’algérien Djamel Okacha, alias Yahia Abou al-Hamman, fut désigné pour devenir l’émir d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] pour la Sahara, suite à la mort de Nabil Makhloufi, dit Nabil Abou Alqama, dans un accident de voiture.

Si plusieurs de ses subordonnés, dont Abou Zeïd, furent tués ou mis hors de combat lors de l’opération Serval [janvier 2013 – août 2014], ce haut responsable de l’organisation jihadiste parvint toujours à passer entre les mailles du filet. Y compris le 10 août 2014, quand la force française Barkhane captura, non loin de Tombouctou, « Abou Tourab », l’un de ses lieutenants.

En janvier 2016, Yahia Abou Hamman donna un signe de vie en disant saluer les attentats du 13 novembre 2015 commis à Saint-Denis et à Paris par l’État islamique [EI ou Daesh], lors d’un entretien donné à l’agence mauritanienne Al-Akhbar.

Puis, un peu plus d’an après il apparut aux côtés d’Iyad Ag Ghali [le chef d’Ansar Dine], d’Amadou Koufa [de la Katiba Macina], de Hassan Al Ansari [al-Mourabitoune] et d’Abou Abderrahman El Senhadji, le « cadi » d’AQMI, à l’occasion de l’annonce de la création du « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans » [GNIM ou JNIM pour Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn], dont il devait être le numéro deux.

Parmi les cadres du JNIM figurant sur cette photo de groupe, Hassan Al Ansari et Amadou Koufa ont été éliminés lors d’opérations menées par Barkhane en février et en novembre 2018. Et Yahia Abou Hamman vient de les rejoindre.

En effet, ce 22 février, la ministre des Armées, Florence Parly, a salué « l’action des forces françaises ayant abouti au décès de Yahia Abou Hamman, numéro deux » du JNIM et « chef de l’Émirat de Tombouctou » et « remercié tous ceux qui y ont contribué. »

« Il était le chef d’un des principaux groupes armés terroristes sévissant au Sahel, le concepteur et le financier de nombreuses attaques contre les valeurs et intérêts communs que nous partageons et défendons avec les pays du G5 Sahel : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad », a rappelé Mme Parly dans son communiqué.

Selon l’État-major des armées [EMA], ce chef jihadiste a été éliminé le 21 février, lors d’une opération conduite au nord de Tombouctou, après la détection de trois véhicules au « comportement suspect », probablement par un drone MALE MQ-9 Reaper.

L’EMA explique qu’il a alors été décidé de les intercepter par « la combinaison de moyens motorisés et héliportés appuyés par un drone Reaper. » Quand les commandos français se sont approchés des véhicules, leurs occupants ont ouvert le feu. Mais un hélicoptère d’attaque en appui les a neutralisés.

Lors de cette action, 11 terroristes ont été « mis hors de combat », dont Yahia Abou Hamman, ainsi que ses deux principaux adjoints. « Des pick-ups et de l’armement ont également été saisis », précise l’EMA.

Dix jour plus tôt, plusieurs pickups suspects avaient été aussi repérés dans la région de Tombouctou, dont certains se déplaçaient « feux éteints ». Une patrouille de Mirage 2000 fut envoyée sur place pour un « show of force » afin de disperser ce « regroupement ». Seulement, selon le dernier compte-rendu des opérations, « quelques instants après, un SVBIED a explosé à proximité d’éléments de la force Barkhane sans faire de victimes ni de dommages. » L’opération menée le 21 février s’inscrit-elle à la suite de cette dernière?

Quoi qu’il en soit, fait valoir l’état-major, « la neutralisation de ce chef terroriste, responsable d’une organisation à l’origine de nombreuses attaques contre les pays de la région du Sahel, constitue un revers majeur pour le groupe dirigé par Iyad ag Ghali qui, en l’espace d’une année, aura vu disparaitre ses trois principaux adjoints. »

« C’est un coup très dur pour les groupes terroristes agissant au Sahel. Concernant le JNIM, il aura perdu trois de ses principaux chefs en l’espace d’une année. Tous étaient des adjoints proches de Iyad Ag Ghaly », a rappelé Mme Parly, pour qui la « disparition d’un chef de premier plan permet de démanteler les réseaux et d’enrayer la dynamique du terrorisme dans la région. »

L’élimination de Yahia Abou Hamman a été annoncée au lendemain de celle, probable, du français Fabien Clain, un autre jihadiste de premier plan, membre de l’État islamique [EI ou Daesh]. A priori, il aurait été tué lors d’une frappe de la coalition effectuée dans les environs de Baghouz, en Syrie. Pour rappel, ce fut lui qui, depuis Raqqa, revendiqua les attentats du 13 novembre 2015. Son frère, Jean-Michel, aurait été gravement blessé lors de ce même raid.

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