Les États-Unis vont maintenir 200 soldats dans le nord de la Syrie

Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, la semaine passée, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’était en effet demandé comment Washington pouvait « être très ferme à l’égard de l’Iran et en même temps abandonner le nord-est de la Syrie ». Et d’ajouter : « pour moi, c’est un mystère ».

Et cela d’autant plus qu’il faut veiller à éviter toute résurgence de l’État islamique [EI ou Daesh], dont un rapport du Pentagone estime qu’il lui faudrait entre 6 et 12 mois pour reconquérir des territoires dans le cas où la pression anti-terroriste serait amoindrie, et que les Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde], partenairaires de la coalition dirigée par les États-Unis, seraient à la merci d’une offensive turque.

La chancelière allemande, Angela Merkel avait posé la même question que le ministre français. « Est-ce une bonne idée pour les Américains de se retirer soudainement et rapidement de Syrie? » s’était-elle interrogée à Munich, estimant que ce retrait allait favoriser la Russie et l’Iran.

Dans le même temps, le chef du Pentagone par intérim, Patrick Shanahan, avait proposé l’envoi d’une « force d’observateurs » dans une zone tampon située dans le nord-est de la Syrie afin de protéger les Kurdes syriens et de veiller à empêcher la reconstitution de cellules jihadistes.

« Si le temps est venu de réduire le nombre de troupes américaines au sol dans le nord-est de la Syrie, les États-Unis restent engagés en faveur de la cause de la coalition : la défaite permanente de l’EI au Moyen-Orient et au-delà », avait assuré M. Shanahan, en faisant la promesse que Washington resterait « au côté des alliés et partenaires », sans plus de précision.

Seulement, cette proposition fut fraîchement accueillie par les homologues européens de M. Shanahan. « C’est un sujet sur lequel les ministres ont des vues différentes », confirma un haut responsable du Pentagone à l’AFP. « Il est totalement hors de question d’avoir des Français au sol sans les Américains » sur le terrain, avait-on affirmé côté français. Surtout que pour mettre en place une zone tampon devant s’étendre sur 400 km de long sur 30 km de large, il faudrait « 20.000 hommes », avait-on également expliqué.

Finalement, la Maison Blanche a annoncé, le 21 février, que 200 militaires [sur 2.000] resteraient en Syrie pour « un certain temps ». C’est en effet ce qu’a confirmé, auprès de l’AFP, Sarah Sanders, la porte-parole de la présidence américaine, sans donner plus de détails.

Cette annonce, faite après un entretien téléphonique entre le président Trump et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, va-t-elle convaincre les autres membres de la coalition, d’en faire de même?

Via une tribune publiée par Le Parisien, le 17 février, la ministre française des Armées, Florence Parly, a assuré qu’il fallait « tout faire pour éviter que les FDS soient les victimes » du retrait américain. Et pour le chef militaire de l’alliance arabo-kurde, cela pourrait passer par le maintien de 1.000 à 1.500 soldats de la coalition anti-jihadiste.

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