Cachemire/Terrorisme : L’armée pakistanaise lance une mise en garde à New Delhi

Depuis 1947, l’Inde et le Pakistan se disputent le Cachemire, région séparée par une « Ligne de Contrôle » [LoC], le long de laquelle des incidents ont fréquemment lieu. Ainsi, les forces indiennes présentes dans l’État du Jammu-et-Cachemire, c’est à dire la partie de cette région contrôlée par New Dehli, sont régulièrement attaquées par des groupes armés séparatistes ou originaires du Pakistan. Ce fut notamment le cas en septembre 2016 quand l’organisation jihadiste Jaish-e-Mohammad [JeM] revendiqua l’assaut contre la caserne d’Uri, au cours duquel 18 militaires indiens perdirent la vie.

Le 14 février dernier, l’armée indienne a une nouvelle fois été durement éprouvées avec la perte d’une quarantaine de ses soldats, lors d’une attaque commise avec un véhicule rempli d’explosifs contre un convoi circulant sur l’autoroute reliant la ville de Jammu à Srinagar. Cet attentat a ensuite été revendiqué par le JeM.

Le lendemain, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a assuré que les responsables de ce carnage auront à en « payer le lourd prix ». Et son ministre de l’intérieur, Rajnath Singh, d’ajouter : « Je garantis au pays qu’une puissante réponse sera apportée. »

Deux jours plus tard, l’armée indienne a indiqué avoir tué deux membres du JeM, lors d’un assaut nocturne lancé dans le district de Pulwama, à quelques centaines de mètres de lieux de l’attentat. Un certain Abdul Gazi aurait été abattu. Ce ressortissant pakistanais ayant combattu aux côtés des taliban afghans passait pour être l’un des chefs du groupe terroriste en question.

« Le temps des discussions est terminé maintenant le monde entier doit s’unir pour prendre des actions contre le terrorisme », a commenté M. Modi, après cet assaut.

Dans le même temps, New Delhi a demandé des comptes à Islamabad… qui a fait la sourde oreille. « Si vous avez des preuves fermes de l’implication de Pakistanais dans cet attentat, je peux vous assurer que j’ordonnerai une enquête contre eux. Car ces terroristes sont aussi les ennemis du Pakistan, ils agissent contre nos intérêts », a ainsi déclaré Imran Khan, le Premier ministre pakistanais.

Effectivement, le Jaish-e-Mohammad est une organisation officiellement interdite au Pakistan depuis 2002, soit un an après son implication dans l’attaque contre le Parlement de New Delhi, laquelle avait failli provoquer une nouvelle guerre entre les deux pays. Mais la réalité est beaucoup plus… nuancée.

En effet, le chef du JeM, Masood Azhar, vit au Pakistan sans être inquiété. Mieux même : en 2017, les États-Unis échouèrent à le placer sur la liste noire des terroristes tenue par les Nations unies… grâce à un veto de la Chine, proche alliée d’Islamabad.

De quoi donner de l’eau au moulin de ceux qui assurent que les groupes armés du Cachemire [comme, du reste, les taliban afghans] sont instrumentalisés par l’ISI, le service de renseignement pakistanais, pour servir les desseins d’Islamabad…

« Nous demandons que le Pakistan arrête de tromper la communauté internationale et prenne une action crédible et visible contre les responsables de l’attaque terroriste de Pulwama », a déclaré le ministère indien des Affaires étrangères, le 19 février. « C’est un fait bien connu que Jaish-e-Mohammed et son dirigeant Masood Azhar sont basés au Pakistan. Cela devrait être une preuve suffisante pour que le Pakistan agisse », a ajouté New Delhi.

Dans ce contexte, il n’est pas exclu que le gouvernement indien ait la volonté de lancer une riposte « musclée » pour répondre à l’attentat Pulwama, qui est le plus meurtrier à avoir été commis dans la vallée de Srinaga depuis 1989… D’autant plus que l’Inde est en période électorale.

D’où la mise en garde lancée par l’armée pakistanaise, ce 22 février. « Nous espérons que vous n’allez pas nous mettre la pagaille », a lancé son porte-parole, Asif Ghafoor, à l’intention des autorités indiennes.

« Nous ne voulons pas entrer en guerre avec l’Inde mais si l’Inde se livre à la moindre agression, elle ne pourra pas nous surprendre », a ensuite prévenu M. Ghafoor. Et c’est nous qui « allons vous surprendre », a-t-il continué, toujours en s’adressant à l’Inde. « Nous défendrons chaque pouce de notre territoire, jusqu’à notre dernier souffle et jusqu’à la dernière balle », a-t-il insisté.

Après l’attaque contre la caserne d’Uri, New Delhi avait mené des « frappes chirurgicales » contre des « camps rebelles » installés de l’autre côté de la LoC. « La notion de frappes chirurgicales contre de prétendues bases terroristes est une illusion volontairement imaginée par l’Inde pour créer un effet trompeur », avait ensuite répondu Islamabad.

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