Selon le ministère des Armées, la France va livrer six embarcations rapides aux gardes-côtes libyens

Lancée en 2015 pour « casser » le modèle économique des trafiquants d’êtres humains opérant depuis le littoral libyen, l’opération européenne EUNAVFOR Sophia a finalement été prolongée jusqu’an 31 mars 2019, alors que son existence était menacée, en raison de désaccords profonds entre l’Italie et d’autres pays européens, dont la France, au sujet d’une possible « rotation » des ports de débarquements des migrants recueillis en mer.

Cela étant, avec un pays comptant deux gouvernements, dont un dit « d’union nationale » [GNA] reconnu par la communauté internationale et un second soutenu par le Parlement issu des élections législatives de 2014, l’opération Sophia n’a pas pu obtenir l’autorisation nécessaire pour intervenir dans les eaux territoriales libyennes. Et, en conséquence, elle a dû revoir son mode d’action en se concentrant sur la formation et l’équipement des gardes-côtes libyens.

Cependant, le mandat de cette opération navale de l’Union européenne ne concerne pas les seuls flux migratoires. En effet, elle est aussi chargée de faire respecter l’embargo des Nations unies sur les armes et de recueillir des informations sur le trafic pétrolier en provenance de Libye.

Quoi qu’il en soit, et s’agissant des gardes-côtes libyens, l’Italie leur a déjà livré des vedettes [il était encore question d’une douzaine d’exemplaires en juillet 2018]. Et la France ne sera pas en reste.

En effet, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, la semaine passé, la ministre française des Armées, Florence Parly, a annoncé au chef du gouvernement d’union nationale, Fayez al-Sarraj, la livraison aux gardes-côtes libyens de six embarcations rapides.

La ministre « a annoncé la cession à la Libye de six embarcations marines, qui seront livrées à partir du printemps prochain », a confirmé, ce 21 février, Yasmine-Eva Fares-Emery, la porte-parole du ministère des Armées, citée par l’AFP.

Ces six embarcations, à coque semi-rigide, seront acquises auprès du fabricant français Sillinger, avant d’être livrées à Tripoli par lots de deux. « Cette action s’inscrit dans le cadre du soutien de la France aux efforts de la marine libyenne pour lutter contre l’immigration clandestine », explique le ministère des Armées.

Toutefois, certaines ONG qui viennent en aide aux migrants critiquent cette politique, estimant qu’elle consiste à « sous-traiter le contrôle de l’émigration ». Ainsi en est-il de Human Rights Watch [HRW].

« Afin de décourager et d’empêcher les arrivées de migrants en Europe en provenance de Libye, l’Union européenne a fourni une formation, de l’équipement et un soutien matériel aux garde-côtes libyens pour accroître leur aptitude à intercepter des embarcations dans les eaux territoriales et internationales et à reconduire les migrants et demandeurs d’asile en territoire libyen. Les migrants et demandeurs d’asile qui sont capturés en mer et refoulés en territoire libyen sont placés en rétention, où beaucoup d’entre eux sont soumis à des conditions de vie inhumaines, notamment à des passages à tabac, des violences sexuelles, des extorsions de fonds, des travaux forcés, et ne reçoivent pas de soins médicaux adéquats, ni suffisamment de nourriture et d’eau », a ainsi affirmé l’ONG, dans un rapport publié en janvier.

Photo : Sillinger

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