L’alliance arabo-kurde demande le maintien en Syrie d’au moins 1.000 soldats de la coalition et lance un appel à la France

À la merci d’une éventuelle offensive turque quand le retrait des 2.000 soldats américains du nord-est de la Syrie sera achevé, les Kurdes syriens ont exhorté les Européens à ne pas les abandonner une fois que le « califat » de l’État islamique [EI ou Daesh] aura complétement disparu.

« Ces pays ont des engagements politiques et moraux […] S’ils ne les tiennent pas, ils nous lâchent », a ainsi estimé Aldar Khalil, haut responsable de l’administration semi-autonome kurde mise en pace dans le nord-est de la Syrie. « Si les pays européens, les Etats-Unis ne font rien, on sera obligé de s’entendre avec le régime [syrien] pour qu’il envoie ses forces militaires sur les frontières et les protège », a-t-il ensuite prévenu dans un entretien donné à l’AFP, le 17 février.

Le même jour, la ministre française des Armées, Florence Parly, a assuré dans une tribune publiée par Le Parisien que la France n’allait « pas être ingrate » à l’égard des Forces démocratiques syriennes [FDS], dont les milices kurdes syriennes font partie.

« Nos partenaires de terrain, les FDS, ont beaucoup donné. Nous leur devons énormément. L’annonce du retrait américain a rebattu les cartes et créé de nouvelles configurations dans la région ; nul ne sait encore quel arrangement en sortira. Notre devoir est de tout faire pour éviter que les FDS en soient les victimes », a écrit Mme Parly, assurant avoir alerté ses « homologues américain et turc » lors de la dernière réunion des ministres de la Défense de l’Otan.

Aussi, le responsable kurde prend la France au mot, en l’appelant, avec sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unis, à prendre une initiative en faveur d’un déploiement d’une force internationale dans le nord de la Syrie.

« La France peut faire une proposition au Conseil de sécurité pour notre protection : elle peut proposer une force internationale entre nous et les Turcs, dont elle fasse partie, ou protéger notre ciel », a en effet affirmé M. Khalil.

Plus tard, le commandant des FDS, Mazloum Kobani, a lancé un appel identique, sans toutefois se référer particulièrement à un rôle que serait susceptible de tenir la France aux Nations unies.

« Nous aimerions une couverture aérienne, un soutien aérien et une force au sol pour se coordonner avec nous », a déclaré M. Kobani, journalistes à l’issue d’une réunion avec des généraux américains sur une base aérienne dans le nord-est de la Syrie, rapporte l’agence Reuters. Et, selon lui, il faudrait un contingent de 1.000 à 1.500 soldats de la coalition pour continuer à appuyer les FDS contre les jihadistes.

Toujours selon lui, des discussions seraient en cours afin de « voir si des soldats français et britanniques pourraient appuyer éventuellement les FDS. »

En tout cas, les États-Unis ne sont pas disposés à donner une suite favorable à cette requête. « Nous comprenons très bien ce que les FDS aimeraient nous voir faire mais ce n’est de toute évidence pas la voie sur laquelle nous sommes », a expliqué le général Joseph Votel, le chef de l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale. « La discussion ne porte donc pas sur le maintien de forces américaines ici », a-t-il insisté, avant d’ajouter que la coalition « étudie ce qu’elle pourrait faire ».

Par ailleurs, s’agissant des jihadistes capturés par les FDS lors des derniers combats contre l’EI, Abdulkarim Omar, co-responsable des relations internationales du Rojava [région autonome kurde, nldr], a évalué leur nombre à 800. Un total auquel il faut ajouter 700 femmes et 1.500 enfants se trouvant actuellement dans des camps pour déplacés. « Ces prisonniers sont une « bombe à retardement » et pourraient s’évader à la faveur d’une attaque contre la zone autonome », a-t-il prévenu.

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