Le Service de santé des armées a besoin de recruter rapidement une centaine de médecins contractuels

Jusqu’en 2018, le Service de santé des armées [SSA] devait se résoudre à faire autant, si n’est plus, avec moins de personnels, ces effectifs ayant été diminué de 8% lors de l’exécution de la Loi de programmation militaire [LPM] 2014-19.

Évidemment, au regard de l’activité intense des forces françaises durant cette période, le SSA a dépassé son contrat opérationnel, ce qui s’est traduit par un sur-engagement sur les théâtres extérieurs.

« Les personnels projetés effectuent 200 % du contrat opérationnel » du service, rappelait récemment un rapport parlementaire. Et ce dernier d’ajouter : « La surprojection des mêmes personnels finit par les pousser à quitter le service. Leur fidélisation est un défi difficile à relever dans de telles conditions, et alors que la concurrence de la fonction publique hospitalière sur certaines spécialités est réelle. »

Et pour cause : il manque au SSA environ une centaine de médecins généralistes et de spécialistes.

La LPM 2019-25 désormais entrée en vigueur tente de remédier à cette situation dans la mesure où elle prévoit de stabiliser, dans un premier temps, les effectifs du SSA jusqu’en 2023 pour ensuite les augmenter « modérément ».

« Cette nouvelle trajectoire positive se traduira par la mise en oeuvre du nouveau modèle hospitalier militaire, la poursuite de la remontée en puissance de la médecine des forces et la préparation de l’avenir avec la mise en formation de 15 élèves praticiens et 10 élèves infirmiers supplémentaires pour 2019 », expliquait le rapport parlementaire déjà cité.

Lors d’une audition au Sénat, la directrice du SSA, Mme le médecin général des armées Maryline Gygax Généro, est revenue sur ces enjeux, après avoir indiqué que, en 2018, son service avait projeté sur un théâtre extérieur « 1.846 militaires dont 433 médecins, parmi lesquels 312 médecins généralistes, 77 chirurgiens, 37 anesthésistes réanimateurs et 7 psychiatres » et que chaque jour, « près de 2.000 personnels […] sont de garde, d’astreinte, d’alerte ou engagés en opérations.

« Alors que jusqu’en 2018 le SSA avait une déflation à réaliser, il nous faut désormais développer et mettre en oeuvre une chaîne de recrutement en capacité d’être efficace quasi immédiatement, ce qui n’est pas un mince défi dans l’environnement très concurrentiel de la santé publique », a ensuite fait observer le MGA Gygax Généro. « L’objectif est bien de redonner au SSA sa capacité de régénération et d’offrir à notre personnel les meilleures conditions d’exercice », a-t-elle continué. Et il est « urgent de remettre nos effectifs à flot », a-telle encore insisté.

Pour cela, il n’y a pas 36 solutions. Évidemment, la première idée qui vient à l’esprit consisterait à ouvrir les vannes du recrutement d’élèves des Écoles de santé militaire, d’autant plus que ces dernières sont attractive, avec 13 à 19 candidats pour une place. Seulement, la formation d’un médecin s’étale sur plusieurs années. Et le SSA n’a pas le temps d’attendre.

D’où l’idée de faire appel à des médecins sous contrat, dont la part dans les effectifs du SSA devrait être portée à 20 d’ici 2030, afin de « recapitaliser rapidement la médecine des forces ainsi que les spécialités hospitalières en déficit critique », a expliqué le MGA Gygax Généro. Un exemple : en 2018, 33 chirurgiens othopédiques sur une quarantaine ont été déployés sur un théâtre extérieur.

« Nous avons 760 médecins généralistes ; il nous en faudrait une centaine de plus. Nous en avons besoin immédiatement. Le volant de renforcement du nombre de places mises au concours d’entrée dans les écoles de santé militaires de Lyon prévu par la LPM, avec une augmentation à 115 postes initiaux au lieu de 100, ne produira ses effets que dans neuf ans pour les médecins généralistes et douze ans pour les spécialistes. D’où la nécessité de recruter des contractuels », a fait valoir MGA Gygax Généro.

« La concrétisation des effets extrêmement positifs de stabilisation des effectifs globaux du SSA apportés par la LPM pour 2019-2025, passe ainsi par notre capacité à recruter une centaine de médecins généralistes contractuels et une vingtaine de chirurgiens orthopédiques », a précisé la directrice du SSA.

En outre, a-t-elle relevé, cette politique a un autre intérêt : celui de contribuer à la « résilience de la Nation » car « ces médecins qui ont vocation à réintégrer le service public de santé au terme de leur contrat y apporteront les compétences qu’ils auront acquises au sein du SSA en matière de prise en charge de blessés de guerre et d’afflux de victimes. »

Et cela vaut aussi pour la réserve opérationnelle du SSA, laquelle sera renforcée avec le recrutement de 300 réservistes supplémentaires dès cette année. Il s’agit d’un dossier important étant donné que « nos réservistes participent aux OPEX à hauteur de 11 % et constituent également un vivier de recrutement », a souligné le MGA Gygax Genero.

Pour améliorer l’attractivité du SSA, il est question d’attribuer des aides financières spécifiques, « comparables à ce qui est proposé dans la santé publique lorsqu’il s’agit de recruter des médecins dans les déserts médicaux », a indiqué sa directrice.

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