Avec la fin annoncée du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires, l’Otan prépare des « mesures dissuasives »

Accusant la Russie d’avoir mis au point un missile violant les dispositions du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI], les États-Unis ont annoncé, le 2 février, leur retrait, d’ici 60 jours, de cet accord, signé en 1987 par les présidents Reagan et Gorbatchev afin de mettre un terme à la crise dite des Euromissiles.

De son côté, la Russie, qui a constamment rejeté les accusations américaines au sujet de son missile « 9M729 » sans pour autant apporter les précisions qui lui étaient demandées à son sujet par l’Otan, a annoncé son intention d’en faire de même. Et le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a même précisé que la mise au point d’un nouvel engin, dérivé du missile de croisière Kalibr, allait être lancée.

Peu à peu, tout ce qui constituait l’architecture européenne de sécurité est en train de déliter. Après le traité sur les Forces conventionnelles en Europe [FCE], c’est donc au tour de celui sur les Forces nucléaires intermédiaires, lequel interdit à Moscou et à Washington de mettre en oeuvre des missiles à capacité nucléaire d’une portée comprise entre 500 et 5.000 km.

Dénoncer ce texte arrange aussi bien la Russie que les États-Unis. La première pourra déployer des missiles susceptibles de viser les infrastructures militaires et économique européennes, ce qui fait le jeu de sa politique d’affirmation de puissance. Quant aux seconds, ils auront les mains libres pour développer de tels engins et répondre ainsi à la Chine, qui n’est nullement concernée par le traié FNI.

Cela étant, les Européens ont prévenu : il est hors de question de revivre la crise des Euromissiles, au cours de laquelle les États-Unis avaient déployé des missiles Pershing II en Europe de l’Ouest pour répondre à la menace des SS-20 soviétiques.

« Si nous allons vers la fin de cet accord, la sécurité de l’Europe sera en danger et nous ne voulons pas que le territoire européen redevienne un champ de bataille pour d’autres puissances comme il l’a été dans le passé », avait affirmé Federica Mogherini, la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, en novembre dernier.

Et le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, ne dit pas autre chose. « L’Alliance n’a pas l’intention de stationner de nouveaux missiles nucléaires terrestres en Europe » et « une nouvelle course aux armements ne serait dans l’intérêt de personne », a-t-il en effet assuré, ce 12 février, à la veille d’une réunion des ministres de la Défense des pays membres.

Aussi, l’accent sera-t-il mis sur le renforcement de la « dissuasion » de l’Otan.

« Le retrait des Etats-Unis sera effectif dans 60 jours, en août, et nous exhortons la Russie à profiter de ce délai pour sauver le traité », a dit M. Stoltenberg. « Mais nous devons nous assurer que nous disposons d’une dissuasion et d’une défense crédibles dans un monde sans traité FNI dans lequel il y aura de plus en plus de missiles russes », a-t-il prévenu lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a donné le programme de la réunion à venir.

À NBC News, M. Stoltenberg a indiqué que plusieurs options sont actuellement en l’étude, sans plus de détails. « Nous prendrons notre temps avant de prendre des décisions », a-t-il seulement indiqué, après avoir souligné que le déploiement en Europe par Moscou de missiles de portée intermédiaire allait « réduire le seuil pour toute utilisation potentielle de l’arme nucléaire dans un conflit armé. »

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