La Corée du Sud accepte de payer davantage pour garder les forces américaines sur son territoire

Lors de son dernier discours sur l’état de l’Union, le président américain, Donald Trump, a mis en avant les « progrès » qu’ont permis d’obtenir sa politique à l’égard de la Corée du Nord, laquelle a pris l’engagement d’oeuvrer en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, après avoir mené six essais nucléaires et tiré des missiles balistiques intercontinaux.

Cependant, les services de renseignement américain et le groupe d’experts des Nations unies chargé du suivi des sanctions prise par la communauté internationale à l’endroit de Pyongyang sont très prudents sur les intentions nord-coréennes. Et Stephen Biegun, l’émissaire des Etats-Unis pour la Corée du Nord, a catégoriquement exclu un retrait des 28.500 militaires américains actuellement affectés en Corée du Sud. « Nous ne sommes impliqués dans aucune discussion diplomatique qui suggérerait un tel marchandage. Point final. Cela n’a jamais été discuté », a-t-il dit, le 31 janvier.

Cela étant, cette présence militaire américaine n’est pas gratuite pour Séoul. En 2014, dans le cadre d’un « Accord des mesures spéciales », le gouvernement sud-coréen a accepté de la financer à hauteur de 859 millions de dollars [soit 960 milliards de won]. Ce compromis devant arriver à échéance en avril prochain, diplomates américains et sud-coréens en ont donc négocié un nouveau.

Seulement, lors des discussions, Washington a revu ses exigences financières nettement à la hausse, à 1,2 milliard de dollars [soit +41%]. A priori, il s’agissait de faire supporter à Séoul les coûts du « soutien opérationnel » des déploiements dits « stratégiques », tels que ceux des porte-avions, des sous-marins et des bombardiers. Et cela, alors que les exercices militaires conjoints de grande ampleur comme Foal Eagle, Key Resolve et Vigilant Ace, ont été suspendus.

Aussi, les diplomates sud-coréens, surpris par cette demande, l’ont considérée comme étant « inacceptable ». « La partie américaine a soudainement fait une proposition à la dernière minute qu’il est difficile pour nous d’accepter », avait en effet affirmé Kang Kyung-wha, la ministre sud-coréenne des Affaires étrangères.

Mais les négociateurs américains ont visiblement été à à bonne école… Car en formulant des exigences trop élevées tout en assurant qu’il n’était guère possible de faire autrement, leurs homologues sud-coréens ont dû consentir à lâcher du lest et à accepter de payer plus, tout en ayant probablement eu le sentiment d’avoir gagné la partie puisque, finalement, ils ont accepté une hausse de près de 10% de la contribution de Séoul à la prise en charge financière du contingent américain déployé en Corée du Sud.

En effet, le ministère sud-coréen des Affaires étrangères s’est félicité d’avoir obtenu un accord portant à 920 millions de dollars [1.040 milliards de wons] cette contribution financière au maintien des troupes américaines. Rappelant que les États-Unis exigeaient une « énorme augmentation », il s’est félicité d’avoir réussi à conclure un accord reflétant « l’état de la sécurité sur la péninsule coréenne. »

En outre, les négociateurs américains ont eu gain de cause sur la durée de validité de cet accord. Alors que Séoul souhaitait le voir durer pendant au moins trois, il arrivera finalement à terme d’ici un an seulement. D’ici-là, peut-être que les discussions entre Washington et Pyongyang auront progressé et qu’un traité de paix entre les deux Corées sera envisageable. Du moins, c’est ce qu’espère M. Trump, qui ne manque pas une occasion d’affirmer que la présence militaire en Corée du Sud « coûte très cher. »

Quoi qu’il en soit, d’après la diplomatie sud-coréen, Séoul et Washington ont réaffirmé, à l’occasion de ce nouvel accord des mesures spéciales, « l’importance d’une alliance solide entre la Corée du Sud et les États-Unis » ainsi que « le besoin d’un déploiement stable des troupes américaines. »

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