Otan – L’objectif de porter le budget militaire allemand à 1,5% du PIB d’ici 2025 remis en cause?

Lors du dernier sommet de l’Otan, organisé à Bruxelles, en juillet 2018, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait assuré que son pays consacrerait 1,5% de son PIB à ses dépenses militaires d’ici 2025. Même si cet objectif était bien en-deçà de celui des 2% du PIB, auquel Berlin avait pourtant souscrit en 2014, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg salua un « pas dans la bonne direction. »

Et on pouvait penser que la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen [CDU], avait remporté la partie face au social-démocrate Olaf Scholz, son homologue des Finances, lequel n’était pas très disposé, au printemps dernier, à largement ouvrir les cordons de la bourse pour financer les besoins de la Bundeswehr [forces armées allemandes, ndlr].

Dans ce bras de fer, Mme von der Leyen avait pu compter sur le soutien de la chancelière Angela Merkel. « L’objectif des 2% [du PIB] n’est pas un ‘fétiche’ […] Les missions de la Bundeswehr rend ce montant nécessaire à l’avenir. Il en va également de la crédibilité de l’Allemagne », avait-elle affirmé à la conférence annuelle de la Bundeswehr, souligant au passage que le budget militaire allemand était équivalent à 2,3% du PIB durant la Guerre Froide.

Depuis, le gouvernement allemand a porté le budget de la Bundeswehr à 42,9 milliards d’euros pour 2019 [+4,38 milliards, ndlr], ce qui représente 1,31% du PIB. Le même montant devrait normalement être reconduit en 2020, d’augmenter « modérément » en 2021 et 2022.

Seulement, les Écossais et des Auvergnats sont victimes du cliché [tenace] les décrivant comme étant « près de leurs sous », que dire alors d’un ministre allemand des Finances? En effet, après avoir revu drastiquement à la baisse la prévision de croissance économique pour 2019 [1% contre 1,8%] en anticipant, notamment, sur des difficultés éventuelles du secteur automobile avec l’entrée en vigueur de nouvelles normes européennes de certification, M. Scholz est déterminé à réduire les dépenses fédérales.

Malgré un budget exécentaire de 11,2 milliards d’euros en 2018 [grâce à des recettes fiscales plus élevées et à des dépenses moins élevées que prévu], le ministre allemand a logiquement tiré les conséquences d’une croissance moindre qu’espéré.

En clair, les rentrées fiscales seront moins importantes. Ce qui se traduira par la nécessité de trouver 24,7 milliards d’euros pour équilibrer les comptes publics à l’horizon 2023. Et, a priori, M. Scholz lorgne sur le budget de la Défense pour compenser le manque à gagner. Ou du moins s’interroge-t-il sur l’objectif de porter les ressources de la Bundeswehr à 1,5% du PIB.

Ainsi, selon Reuters, qui a eu accès à un document du ministère allemand des Finances, aurait « mis en doute l’engagement pris par le gouvernement de dépenser 1,5% du PIB dans la défense d’ici 2024 », alors que les « recettes fiscales seront probablement moindres à l’avenir » et que les « marges de manoeuvre budgétaires seront épuisées ».

Ce qui est évidemment inacceptable pour Mme von der Leyen. « Il existe des dispositions claires dans l’accord de coalition [CDU/SPD, ndlr]. Ce sont les conditions-cadres dans lesquelles nous opérons. [Et] il a été convenu une augmentation des dépenses de défense », a-t-elle rappelé, depuis Riga, indique Der TagesSpiegel.

Les arbitrages budgétaires devraient être connus en mars prochain. Mais quand on se rappelle de la véhémence des critiques du président américain, Donald Trump, à l’endroit de l’Allemagne, accusée de ne pas dépenser assez pour se défense, nul doute qu’il faudra s’attendre à revoir le même scénario si jamais le M. Scholz a gain de cause.

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