L’Iran parle de faire un « bond stratégique » si les Européens « complotent » pour le priver de ses missiles

Le 31 janvier, et avec le soutien de l’Union européenne, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont mis en place un « instrument de soutien aux échanges commerciaux » [INSTEX] afin de pouvoir contourner les sanctions économiques décidées par les États-Unis à l’égard de l’Iran, après leur retrait de l’accord sur le nucléaire iranien, conclu à Vienne, en juillet 2015.

Selon ce mécanisme, une société iranienne qui vendra ses produits à une entreprise européenne pour une somme donnée se verra ouvrir un crédit d’un montant équivalent, ce qui lui permettra d’acquérir d’autres bien en Europe, sans avoir à transférer de l’argent.

L’instauration de cet INSTEX traduit la volonté de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne de « sauver » l’accord de Vienne, lequel vise à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Mais cela n’empêche pas ces pays de critiquer l’Iran pour son programme de missiles balistiques.

En effet, la résolution la résolution 2231, adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies pour entériner l’accord de Vienne, exige de Téhéran de « ne mener aucune activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des charges nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques. »

Ainsi, le 25 janvier, à l’occasion de ses voeux pour 2019, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a indiqué que la France se tenait « prête à imposer des sanctions à Téhéran si aucun progrès n’était enregistré dans les discussions sur son programme balistique. »

Or, l’Iran estime que son programme balistique n’est pas concerné par cette disposition puisque l’accord de Vienne lui interdit justement de développer une arme nucléaire. D’où son intransigeance sur ce sujet, encore illustrée le 2 février par les propos du général Hossein Salami, le commandant en second des Gardiens de la Révolution.

« Si les Européens, ou quiconque, cherchent à comploter pour priver l’Iran de ses missiles nous serons contraints à un bond stratégique » dans ce domaine, a-t-il en effet prévenu, d’après l’agence iranienne de presse Mehr. En clair, l’Iran pourrait augmenter la portée de ses missiles balistiques et changer ainsi d’approche « stratégique. »

« Notre stratégie de défense n’est pas gravée dans le marbre. Elle peut changer en fonction de la situation et du comportement des uns et des autres », a fait valoir le général Salami.

Quelques jours plus tôt, l’agence officielle Irna avait rapporté des propos tenus par le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, l’amiral Ali Shamkhani, au sujet de la portée des missiles iraniens.

« Sur le plan scientifique ou opérationnel, rien n’empêche l’Iran d’augmenter la portée de ses missiles. Néanmoins, tout en s’efforçant constamment d’améliorer leur précision, sur la seule base de sa doctrine de défense, [l’Iran] n’a aucune volonté d’augmenter la portée de [ses] missiles », avait ainsi déclaré l’amiral Shamkhani.

L’Iran a surtout développé des missiles balistiques de courte et de moyenne portée, les engins Shahab C, « Ghadr-110 », « Sejjil 2 » et « Khorramshahr » pouvant atteindre des cibles situées à 2.000/2.500 km de leur point de lancement, ce qui met le sud-est de l’Europe potentiellement à leur merci. En outre, le pays dispose également de lanceurs spatiaux, en l’occurrence les fusées Simorgh et Safir, dont la technologie repose sur celle des missiles balistiques.

À cet arsenal, il faut ajouter les missiles de croisière. À l’occasion du 40e anniversaire de la révolution islamoque, l’Iran a affirmé avoir testé avec succès un nouvel un engin de ce type, le « Hoveizeh ». D’une portée supérieure à 1.350 km, « il peut être prêt dans le plus court laps de temps possible et vole à très basse altitude », a fait savoir Amir Hatami, le ministre iranien de la Défense.

Le « Hoveizeh » serait une version améliorée du missile de croisière sol-sol Soumar, d’une portée de 700 km.

Photo : Missile Ghadr 110 (c) Tasnim News Agency, CC BY 4.0, 

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