Dissuasion – Le Bâtiment d’essais et de mesures « Monge » est de nouveau opérationnel

Plus imposant navire de la Marine nationale après le porte-avions Charles de Gaulle, le Bâtiment d’essais et de mesures [BEM] « Monge » n’est pourtant pas très connu du grand public. Aussi, son entrée en bassin pour cause d’arrêt technique majeur [ATM], en octobre 2017, est relativement passée inaperçue.

Mis en service en novembre 1992, le BEM Monge est un maillon essentiel de la dissuasion nucléaire étant donné que sa mission est de collecter et d’exploiter tous les paramètres des tirs de missiles en vol. Il peut également être sollicité pour surveiller des satellites en orbite pour le compte du Centre national des études spatiales [CNES] et du Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes [CDAOA] de l’armée de l’Air.

D’une longueur de 225,6 mètres pour une largeur de 24,8 mètres et affichant un déplacement de 21.040 tonnes, le Monge est propulsé par deux moteurs de 4 500 CV, lesquels lui permettent de naviguer à la vitesse de 16 noeuds. Il est aussi doté de 6 diesels alternateurs de 1 500 KW chacun [soit l’équivalent de la consommation d’une ville de 15.000 habitants] afin d’alimenter ses nombreux instruments de mesure et de suivi.

En effet, ce navire est équipé d’un radar de recherche aérienne, de 2 radars de navigation, de 10 radars et antennes de trajectographie ainsi que de capteurs optroniques et de télémétrie. Mis en oeuvre par un équipage de 126 marins, il accueille à son bord une centaine de scientifiques et d’ingénieurs de la Direction générale de l’armement [DGA] .

Ses radars, antennes et autres capteurs en font du Monge un bâtiment sans équivalent en Europe. « Nous sommes en mesure de suivre un objet de la taille d’une pièce de monnaie à plusieurs centaines de kilomètres de notre position », a ainsi confié un technicien affecté à son bord, dans les colonnes du dernier numéro d’Armées d’aujourd’hui.

Son dernier arrêt technique majeur a principalement consisté à des travaux de maintenance concernant sa coque, sa propulsion et ses dispostifs de contrôle. Sa superstructure a été refaite à neuf tandis que plusieurs de ses capteurs, tels que ses radars, ses équipements d’aérologie, son système Lidar [Light Detection And Ranging], ont été modernisés. Une nécessité étant donné que les missiles futurs auront une furtivité accrue.

« Les systèmes d’informations ont également été rénovés. En particulier la mise à niveau du système d’information des radars ainsi qu’un nouveau système de gestion de positions et d’attitudes. Les autres moyens de mesures ont fait l’objet d’interventions de moindre ampleur, soit par une remise à niveau soit par une évolution mineure », a précisé la DGA.

Ces travaux étant désormais achevés, le Monge est de nouveau opérationnel. Sans doute aurait-il pu l’être plus tôt sans l’avarie de son système de propulsion [rénové lors d’un précédent ATM, en 2015], survenue lors d’essais en mer en septembre dernier, alors qu’il naviguait à quelques milles au large de la pointe du Finistère. Le remorqueur « Abeille Bourbon » avait été alors sollicité pour lui porter assistance et le faire revenir à Brest.

Quoi qu’il en soit, le Monge est désormais prêt pour les tirs d’essais à venir du missile balistique mer sol M51 [le dernier a eu lieu en 2016]. Actuellement, une nouvelle version de cet engin, le M51.3, est en cours de développement. Il est prévu qu’elle soit opérationnelle vers 2025.

« Le M51.3 a pour objectif d’adapter les performances […] aux évolutions des besoins opérationnels par la refonte du troisième étage, qui prend en compte en particulier la capacité d’emport d’une nouvelle charge militaire et le traitement des obsolescences. La dynamique compétitive introduite avec le programme Ariane 6 et une utilisation optimisée des compétences duales, rendent possibles ces objectifs économiques et industriels ambitieux dans un flux budgétaire contraint », explique ArianeGroup, maître d’œuvre du programme M51.

Photo : capture

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