Washington recommande aux pays occidentaux de « rapatrier » de Syrie leurs ressortissants passés par Daesh

Avant l’annonce du retrait américain de Syrie, faite par Donald Trump le 19 décembre dernier, le problème que pouvait constituer les combattants étrangers de l’État islamique [EI ou Daesh] capturés par les Forces démocratiques syriennes [FDS] avait une solution simple : il suffisait de les laisser dans les prisons kurdes, dans l’attente de leur jugement. Et on s’accomodait fort bien du fait que les autorités du Kurdistan syrien [Rojava, ndlr] ne fussent pas reconnues au niveau international.

Si « dans le Kurdistan syrien […] il y a des institutions judiciaires qui sont en capacité d’assurer un procès équitable avec des droits de la défense assurés, elles seront jugées là-bas », avait ainsi expliqué, en janvier 2018, Benjamin Grivaux, le porte-parole du gouvernement, au sujet des femmes jihadistes.

Seulement, le désengagement des troupes américaines de Syrie change la donne dans la mesure où les milices kurdes syriennes, qui constituent l’épine dorsale des FDS, risquent d’en faire la frais, la Turquie n’ayant pas caché son intention de s’en prendre à elles n raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan turc, classé comme organisation terroriste.

Aussi, le sort des jihadistes étrangers se pose avec une acuité nouvelle. Les laisser dans la nature n’est en effet pas concevable étant donné que ce serait leur permettre de disparaître des écrans radar et de planifier de nouvelles attaques. Sans compter qu’ils peuvent aussi rejoindre les rangs de la forme clandestine de Daesh. En outre, s’ils tombent dans d’autres mains, ils pourraient être utilisés comme moyen de pression sur leurs pays d’origine.

La France s’est jusqu’alors opposée à tout retour des jihadistes français [130 seraient aux mains des Kurdes, ndlr], ce qui épargnait tout casse-tête judiciaire, carcéral et sécuritaire. Mais le 29 janvier, avec le retrait américain de Syrie, le Quai d’Orsay a dû admettre qu’il examinait désormais « toutes les options pour éviter l’évasion et la dispersion de ces personnes ». Y compris, donc, leur éventuel retour.

Alors que la décision de M. Trump est à l’origine de cette situation, la diplomatie américaine a estimé, ce 30 janvier, que « le rapatriement des combattants terroristes étrangers vers leur pays d’origine » était « la meilleure solution pour éviter leur retour sur le champ de bataille. »

« Ces combattants représentent un problème pour toute la communauté internationale et il faut une coopération internationale pour le résoudre », a expliqué un responsable du département d’État à l’AFP.

« La politique du gouvernement américain est d’encourager les pays à rapatrier et poursuivre en justice leurs ressortissants » actuellement détenus par les forces arabo-kurdes, « et prendre sous leur responsabilité » ces combattants « par le biais de programmes de réinsertion ou d’autres mesures pour éviter qu’ils retombent dans le terrorisme », a ajouté ce responsable.

Justement, l’efficacité de ces programmes de « déradicalisation » reste à démontrer. Ainsi, en janvier 2017, un certain Mustapha S., 24 ans, qui suivait le premier programme de déradicalisation lancé par le gouvernement cinq mois plus tôt, a été arrêté lors d’une permission de sortie, pour une deuxième tentative de départ vers la Syrie.

Depuis, l’administration pénitentiaire a mis en place un autre dispositif qui, appelé RIVE [pour Recherches et d’Intervention sur les Violences Extrémistes], a été confié en septembre dernier au Groupe SOS, à l’issue d’un appel d’offres.

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