La France menace l’Iran de sanctions pour ses activités balistiques et spatiales

Depuis l’adoption de la résolution 2231 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies afin d’entériner l’accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en juillet 2015, la France dénonce chaque tir de missile effectué par l’Iran et ne manque jamais de faire part de ses « préoccupations » face aux « ambitions capacitaires » de Téhéran en matière balistique.

En mars 2018, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a bien abordé le sujet avec les autorités iraniennes, à l’occasion d’un déplacement à Téhéran. Mais il s’est heurté à une fin de non-recevoir, alors que, à l’époque, le prédident américain, Donald Trump, s’apprêtait à mettre la menace de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien à exécution.

Le problème se situe au niveau de l’interprétation d’une disposition de la résolution 2231. Le texte demande en effet à l’Iran de ne « mener aucune activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des charges nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques. »

Or, comme l’accord à Vienne est censé l’empêcher de se doter de l’arme nuclaire [une ambition qu’il assure ne pas avoir, malgré des signes suggérant le contraire], l’Iran estime que ses programmes balistiques et spatiaux ne sont pas concernés par ladite résolution puisque ses missiles [ou fusées] ne peuvent pas emporter de charge nucléaire. D’où son intransigeance sur cette question, d’autant plus que Téhéran affirme que ses missiles ont avant tout une vocation « défensive » [comprendre, dissuasive].

Le 14 janvier, et malgré l’appel de la diplomatie américaine à renoncer à une nouvelle « provocation », l’Iran a tenté – sans succès – de mettre sur orbite le satellite d’observation Payam avec une fusée Safir. Pour Israël, cette tentative a été vue comme un « acte d’agression ».

« L’Iran ment tout le temps. Il ment en ce moment même en prétendant lancer un innocent satellite alors qu’il cherche à atteindre le premier stade d’un missile intercontinental, en violation de tous les accords internationaux », a commenté Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien.

« Le satellite fait partie d’un projet civil aux objectifs purement scientifiques. L’Iran n’attendra la permission d’aucun pays pour conduire de tels projets scientifiques », a rétorqué Bahram Ghassemi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.

Quant à la France, elle condamné « fermement » ce tir d’une fusée Safir. « La résolution 2231 du CSNU [*] appelle l’Iran à ne pas procéder à des activités liées aux missiles balistiques conçus pour être capables d’emporter des armes nucléaires, y compris les tirs. Les lanceurs spatiaux utilisent des technologies qui sont très proches de celles employées pour les missiles balistiques, en particulier pour les missiles balistiques intercontinentaux », a fait valoir le Quai d’Orsay.

« Ce lancement fait suite au tir de missiles de courte portée en Syrie le 30 septembre et le 1er octobre et au tir d’un missile balistique de moyenne portée le 1er décembre. Ces tirs étaient également non conformes à la résolution 2231 du CSNU », a encore rappelé la diplomatie française.

Mais, visiblement, Paris entend élever le ton face à Téhéran. C’est, en tout cas, ce qu’a suggéré M. Le Drian, lors de ses voeux pour 2019, ce 25 janvier. « La France se tient prête à imposer des sanctions à Téhéran si aucun progrès n’est enregistré dans les discussions sur le programme balistique iranien », a-t-il en effet déclaré.

« Nous avons commencé un dialogue très difficile. […] Nous sommes prêts s’il n’aboutit pas à avoir un usage ferme de sanctions et ils le savent », a affirmé le patron du Quai d’Orsay.

La France exige que « l’Iran renonce à sa production de missiles et en particulier ses exportations en direction de certaines factions armées au Moyen-Orient », a-t-il ensuite ajouté, dans une allusion aux livraisons de missiles balistiques à la milice Houthis, lesquelles ont été documentées par le groupe d’experts des Nations unies pour le Yémen.

[*] Conseil de sécurité des Nations unies

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