La Russie lève le voile sur son missile supposé violer le Traité sur les forces nucléaires intermédiaires

Après Heiko Maas, le ministre allemand des Affaires étrangères, Robert Wood, l’ambassadeur américain à la Conférence sur le désarmement organisée à Genève sous l’égide des Nations unies, a demandé à la Russie de détruire ses missiles de croisière 9M729 « Novator » [ou SSC-8], dont les performances seraient non conformes au Traité sur les forces nucléaires intermédiaires, signé en 1987 par Washington et Moscou.

« Malheureusement, les Etats-Unis constatent de plus en plus qu’on ne peut pas faire confiance à la Russie pour qu’elle respecte ses engagements en matière de contrôle des armements », a déclaré M. Wood. « La Russie doit détruire, de façon vérifiable, tous ses missiles SSC-8, ses lanceurs et le matériel associé afin de se conformer au traité FNI », a-t-il insisté.

Son homologue russe, le diplomate Alexandre Deïneko, a immédiatement répondu que Moscou « ne se soumettra à aucun ultimatum en vue de liquider ou d’éliminer un missile qui n’est nullement interdit par le traité. »

Cela fait maintenant plus de cinq ans que les États-Unis accusent la Russie d’avoir développé – et même déployé – ce missile 9M729, dont la portée serait comprise entre 500 et 5.500 km, ce qui est interdit par le traité FNI.

« La Russie a mené le programme d’essais en vol d’une manière qui semblait délibérément conçue pour dissimuler la véritable nature de ses activités d’essais ainsi que la capacité du missile 9M729 », a ainsi récemment affirmé le renseignement américain. « Nous pensons que l’objectif de la Russie était de maintenir les États-Unis sous contrainte tout en construisant et en déployant discrètement une force de missiles illégaux menaçant l’Europe », a même accusé Dan Coats, son directeur.

Depuis 2014, la Russie n’a pas vraiment répondu aux questions adressées par les Occidentaux au sujet de son nouveau missile. Si ce n’est qu’elle a répété qu’il était conforme au traité FNI. En décembre, l’Otan lui a donné 60 jours pour donner les éclaircissements attendus.

« Par sa violation du traité FNI et son absence de réponse à nos demandes répétées de clarification, la Russie menace directement la sécurité transatlantique et la stabilité stratégique. […] Si Moscou choisissait de ne pas répondre […] d’ici deux mois, nous n’aurions pas d’autre choix que de reconnaître qu’elle porte cette responsabilité », a prévenu Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères.

La présentation du missile 9M729 que vient de faire Moscou, ce 23 janvier, devant des journalistes et des attachés militaires étrangers réunis au parc Patriote, aura-t-elle apporté les réponses aux interrogations de l’Otan? Pas sûr…

Aisni, le chef des troupes balistiques et de l’artillerie des forces russes, le général Mikhaïl Matveïevski, a expliqué que le missile 9M729 fait partie du « complexe Iskander-M » et qu’il est une évolution du 9M728.

Par rapport à son prédécesseur, le missile 9M729 est plus long de 53 centimètres car il est équipé « d’équipements supplémentaires ». En outre, il peut « porter plus d’ogives ». Quant à sa portée maximale, elle ne serait que de 480 km, ce qui est conforme au traité FNI.

« Le rayon d’action du missile a été confirmé au cours d’exercices stratégiques » en 2017, a fait valoir le général Matveïevski, pour qui cette présentation du 9M729 était un signe de la volonté de Moscou à faire preuve de « transparence ». Cependant, s’agissant de la portée de cet engin, il s’agit d’une affirmation. Comment être certain que les chiffres avancées soient exacts?

En faisant cette présentation, à laquelle aucun représentant d’un pays membre de l’Otan n’a assisté, la Russie met la balle dans le camp des États-Unis, lesquels ont menacé de retirer leur signature du Traité FNI en cas de manquement de la partie russe. C’est sans doute un moyen de les forcer à abattre leurs cartes et à présenter leurs preuves au sujet du missile 9M729.

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