Armement terrestre : Rheinmetall et BAE Systems veulent créer une co-entreprise au Royaume-Uni

Après avoir fait part de son intention d’entrer au capital de son concurrent bavaoirs Krauss-Maffei Wegmann [KMW] via la holding KNDS formée par ce dernier et le français Nexter Systems, le groupe allemand Rheinmetall a annoncé, le 21 janvier, la création d’une co-entreprise avec BAE Systems au Royaume-Uni.

Concrètement, Rheinmetall a l’intention de prendre une part de 55% de la division « terrestre » de BAE Systems [BAE Systems Land UK, ndlr], implantée à Telford. Cette opération est toutefois suspendues à l’approbation des autorités compétentes britanniques et allemandes.

La création de cette co-entreprise, qui s’appellera « Rheinmetall BAE Systems Land » [RBSL], doit permettre de maintenir plus de 400 emplois au Royaume-Uni tout « préservant des compétences clés en matière de technologie et d’ingénierie », assurent les deux groupes via un communiqué commun.

« Outre la gestion et la croissance des activités existantes de soutien aux véhicules de combat, la nouvelle coentreprise devrait jouer un rôle majeur dans la mise en œuvre du nouveau programme de véhicules de combat d’infanterie mécanisée (MIV) ainsi que dans d’autres programmes de véhicules de combat stratégiques pour la British Army », font valoir Rheinmetall et BAE Systems, qui, par ailleurs, est déjà impliqué dans CTAI, une autre co-entreprise créée avec le français Nexter pour développer, produire et commercialiser le système CTAS [Cased Telescoped Armement System].

Le ministère britannique de la Défense [MoD] a annoncé, en mars 2018, avoir retenu le véhicule blindé de combat d’infanterie ARTEC Boxer au titre du programme MIV. Le contrat relatif à cette commande doit être signé a priori en 2019, soit à l’issue d’une « phase d’évaluation commerciale ». Il est question de livrer 500 véhicules pour une somme comprise entre 2 et 3 milliards de livres sterling.

Pour rappel, le consortium ARTEC réunit Krauss-Maffei Wegmann, Rheinmetall MAN Military Vehicles et Rheinmetall Military Vehicles Nederland. Lors de l’annonce du choix du Boxer, le MoD avait souligné que les véhicules destinés à la British Army seraient « assemblés au Royaume-Uni » et que « 60% des composants » seraient fournis par des entreprises britannique.

Par ailleurs, cette co-entreprise, si elle est autorisée, devrait également tenir un rôle majeur dans la modernisation des chars Challenger 2 actuellement en dotation au sein de la British Army.

Cela étant, RBSL ne limitera pas ses activités au seul Royaume-Uni puisque l’objectif de Rheinmetall et de BAE Systems est d’en faire un « leader du marché européen dans le secteur des véhicules militaires ».

« Bien qu’initialement centré sur les grands programmes britanniques, RBSL fera également partie intégrante de la division Systèmes de véhicules de Rheinmetall », précise le communiqué publié par les deux groupes.

« Nous sommes ravis du potentiel que la nouvelle coentreprise représente pour Rheinmetall, BAE Systems et, finalement, pour nos clients. Les capacités combinées de nos deux grandes entreprises offriront à nos clients un portefeuille complet de véhicules militaires et des technologies associées […]. Nous sommes fiers d’investir au Royaume-Uni et nous prévoyons de développer considérablement les activités actuelles et les installations de Telford au cours des prochaines années », s’est réjoui Ben Hudson, responsable de la division Vehicle Systems de Rheinmetall.

Côté britannique, l’annonce de cette alliance a été bien accueillie, alors qu’un Brexit sans accord avec l’UE se profile. Elle « marque clairement un vote de confiance envers le secteur de la défense britannique en tant que leader mondial de la fabrication de véhicules de combat militaires », a commenté Stuart Andrew, le ministre délégué en charge des marchés publics de la défense.

Reste à mesurer les conséquences de ce projet sur la coopération franco-allemande dans le domaine de l’armement terrestre, sachant que Rheinmetall veut s’inviter au sein de KNDS et prendre ainsi part au projet de char de combat MGCS. En attendant, a assuré le groupe allemand, cette opération « n’inclut pas les activités de BAE Systems dans le domaine des munitions et des systèmes d’armes, ni sa participation dans la coentreprise CTAI avec Nexter. »

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