L’aviation israélienne frappe l’unité iranienne al-Qods et la défense anti-aérienne syrienne

Il est peu courant de voir l’état-major israélien communiquer au sujet de raids aériens en cours menés en territoire syrien, comme il l’a fait dans la nuit du 20 au 21 janvier. En général, cela se produit quand l’État hébreu riposte à une attaque lancée depuis la Syrie, pays avec lequel il est toujours techniquement en guerre.

Or, justement, quelques heures plus tôt, le système antimissile israélien Iron Dome a intercepté un missile lancé depuis le territoire syrien en direction du plateau du Golan, vers la station de sports d’hiver du mont Hermon. D’où les raids aériens menés par Tsahal par la suite.

« Nous avons commencé à frapper des cibles Qods iraniennes sur le territoire syrien. Nous mettons en garde les forces armées syriennes contre toute tentative de nuire aux forces ou au territoire israéliens », a ainsi fait savoir, via Twitter, l’état-major israélien.

Selon ce dernier, le missile intercepté était un engin de « fabrication iranienne mis en oeuvre par des soldats iraniens. »

Les « cibles Qods » désignent l’unité d’élite iranienne des Gardiens de la Révolution, chargées des opérations extérieures. Au moins quatre sites occupés par al-Qods en Syrie, dont un camp d’entraînement, un dépôt de stockage de munitions, un « site militaire situé à l’aéroport international de Damas » ainsi qu’un bâtiment utilisé par le renseignement iranien, ont ainsi été visés par l’aviation israélienne.

Les batteries syrienne de défense aérienne qui ont été mises en oeuvre à cette occasion ont également été la cible de Tsahal.

« Lors de notre frappe, des dizaines de missiles surface-air syriens ont été tirés, malgré des avertissements clairs pour éviter de tels tirs. En réponse, nous avons également ciblé plusieurs batteries de défense aérienne des forces armées syriennes », a avancé l’état-major israélien, qui a dit tenir Damas pour « responsable de tout ce qui passe en Syrie. « Nous mettons en garde [le régime syrien] de ne pas viser Israël ou d’autoriser d’autres personnes à viser Israël depuis leur territoire », a-t-il ajouté.

De son côté, Damas a indiqué avoir tiré des « dizaine de missiles sol-air » pour contrer les frappes israéliennes qualifiées d' »intenses », car marquées par « des vagues successives de missiles guidés » pour la plupart « interceptés par la défense aérienne ».

Pour le moment, le bilan de ces raids israéliens n’est pas connu. Cependant, selon les autorités militaires russes, quatre militaires syriens auraient été tués par les frappes ayant visé l’aéroport de Damas.

A priori, Israël aurait désormais l’intention de ne plus passer sous silence ses opérations militaires menées en Syrie contre l’Iran et le Hezbollah libanais. La semaine passée, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a clamé la responsabilité de l’État hébreu dans de récentes frappes ayant visé des « entrepôts iraniens » d’armes à Damas tandis que, dans le même temps, le général Gadi Eisenkot, le chef d’état-major « sortant » de Tsahal, affirmait dans les colonnes du New York Times que l’aviation israélienne avait « frappé des milliers de cibles sans en prendre la responsabilité ou sans en revendiquer le crédit. »

« L’aviation a porté hier soir un coup sévère contre des cibles iraniennes en Syrie après que l’Iran eut tiré de là-bas un missile vers Israël. Nous ne laissons pas passer de tels actes d’agression, ni les efforts de l’Iran pour s’établir militairement en Syrie », a encore prévenu M. Netanyahu, après les derniers raids israélien.

Ce changement d’approche peut être lié à l’approche des nouvelles élections législatives israéliennes, qui auront lieu le 9 avril prochain. Mais un ancien conseiller à la sécurité nationale de M. Netanyahu, Yaakov Amidror, a une autre explication.

« Si vous voulez signifier à l’autre partie que vous êtes résolus à empêcher quelque chose, soit vous augmentez le niveau des opérations – plus de cibles, plus de sophistication – soit vous dites publiquement ce que vous êtes en train de faire pour signaler: je suis prêt à prendre le risque de l’escalade », a-t-il en effet estimé.

Par ailleurs, après la perte d’un avion de renseignement russe Il-20 « Coot » au large de la Syrie, durant une opération israélienne, Moscou avait haussé le ton et livré des systèmes de défense aérienne S-300 aux forces syriennes. Ce qui laissait présager une marge de manoeuvre réduite pour Israël. Finalement, il n’en est rien.

« Les Russes ont bien compris depuis le début la logique de ce que nous faisons », a fait valoir M. Amidror. D’autant plus que le dialogue entre les états-majors russe et israélien n’est pas rompu….

Le 17 janvier, en effet, des officiers israéliens et russes se sont rencontrés en vue d' »améliorer » la coordination entre leurs forces respectives et « éviter des frictions » lors des opérations menées par Tsahal contre les positions iraniennes en Syrie.

Ce dialogue a visé à « promouvoir et améliorer le mécanisme en vue d’éviter des frictions entre militaires [des deux pays] dans le secteur nord et lors des activités de l’armée israélienne contre l’implantation iranienne et l’armement du Hezbollah en Syrie », a fait savoir l’armée israélienne. « Les délégations sont parvenues à des ententes et sont tombées d’accord pour poursuivre le travail conjoint », a-t-elle ajouté, sans plus de précision.

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