D’origine afghane, un conseiller de l’armée allemande est accusé d’espionnage au profit de l’Iran

La semaine passée, l’Union européenne a infligé des sanctions contre la Direction pour la sécurité intérieure du renseignement iranien, accusée d’avoir visé des dissidents réfugiés sur le Vieux Continent.

Ainsi, les Pays-Bas ont expulsé deux diplomates iraniens après l’assassinat de deux opposants au régime de Téhéran en 2015 et en 2017. La France n’a pas attendu l’UE pour prendre des sanctions à l’égard de Direction de sécurité intérieure iranienne, en réponse à un projet d’attentat contre un rassemblement de l’Organisation des Moudjahidines du peuple iranien [OMPI] à Villepinte, en juin.

Enfin, plus récemment, le Danemark a affirmé avoir également déjoué un « projet d’attaque » sur son sol contre trois membres présumés du Mouvement arabe de lutte pour la libération d’Ahvaz, une organisation soupçonnée d’avoir participé un attentat contre un défilé militaire dans la province iranienne du Khouzestan [24 tués, ndlr].

Mais, visiblement, l’activité des services iraniens ne se limite pas à l’élimination d’opposants ayant trouvé refuge en Europe. En effet, le parquet général de Karlsruhe a annoncé, ce 15 janvier, l’arrestation Abdul Hamid S., un conseiller culturel et linguistique de la Bundeswehr. Ayant la double nationalité [afghane et allemande], cet individu, âgé de 50 ans, est accusé d’avoir « transmis des informations à un service de renseignement iranien ».

Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, qui ne cite pas ses sources, Abdul Hamid S. travaillait depuis « plusieurs années » pour le renseignement iranien. Les informations auxquelles il avait accès concernaient essentiellement celles en rapport avec l’engagement des forces allemandes en Afghanistan.

L’Iran s’intéresse de près à ce qui se passe chez son voisin afghane. L’une des raisons est que l’Afghanistan abrite une communauté chiite [les Hazaras], au sein de laquelle des miliciens sont recrutés pour ensuite être envoyés en Syrie. Un autre explication tient au fait que de nombreux afghans franchissent la frontière pour travailler [773.125, selon l’Organisation internationale pour les migrations, sont rentrés chez eux en 2018]. Enfin, Téhéran discute avec le mouvement taleb afghan, au point même de le soutenir, via des financements et des armes, avec l’idée de saper les efforts américains.

« L’Iran a augmenté son influence dans la région. Si vous retirez l’influence américaine, vous risquez une plus grande instabilité », a ainsi récemment résumé le général Stanley McCrystal, l’ex-chef des troupes de l’Otan en Aghanistan.

Quelle utilité pouvaient avoir les informations collectées par Abdul Hamid S. pour le renseignement iranien [VEVAK]? En tout cas, elles devaient être assez sensibles pour justifier son interpellation.

Les affaires d’espionnage, outre-Rhin, concernent le plus souvent la Russie. Comme celle de ce couple qui, installé en Allemagne avec de faux papiers, menait une existence tranquille tout en travaillant pour le KGB puis son successeur, le SVR. En 2016, Markus Reichel, un ex-agent du BND [renseignement extérieur allemand] a été condamné pour avoir travaillé à la fois pour la CIA et Moscou.

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