Tokyo souhaite que le porte-avions Charles de Gaulle fasse une escale au Japon

En décembre, les États-Unis ont décidé de sanctionner trois dirigeants nord-coréens, dont Choe Ryong Hae, l’un des plus hauts responsables de Kim Jong-un, le maître de Pyongyang. « Les violations des droits humains en Corée du Nord demeurent parmi les pires au monde et incluent meurtres extrajudiciaires, travail forcé, torture, détention arbitraire prolongée, viols, avortements forcés et autres violences sexuelles », avait justifié la diplomatie américaine.

En retour, Pyongyang a rétorqué que les sanctions américaines, allaient « bloquer indéfiniment son désarmement nucléaire », qui fait par ailleurs l’objet de laborieuses négociations avec Washington.

Cela étant, ces sanctions décidées par la diplomatie américaine ne sont rien par rapport à celles imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies pour les activités nucléaires et balistiques de nord-coréennes. Ainsi, il est interdit à la Corée de Nord d’exporter du charbon, de l’acier et du textile. En outre, son approvisionnement en pétrole a été limité de manière drastique.

Pour autant, ces sanctions internationales sont aisément contournées par Pyongyang, via des bateaux « déguisés » ou naviguant sous des pavillons de complaisance, la falsification de documents, le recours aux paradis fiscaux, rarement regardants sur la nature des fonds qu’ils reçoivent, ou encore à des sociétés-écrans. Et certains pays jouent un double-jeu.

Par exemple, en décembre 2017, des photographies prises par satellite ont montré que des navires chinois et nord-coréens se retrouvaient en pleine mer pour transférer illégalement du pétrole vers la Corée du Nord. Selon un diplomate récemment cité par le Wall Street Journal, 148 transferts de ce type ont eu lieu entre janvier et la mi-août 2018…

D’où le renforcement du partenariat franco-japonais dans le domaine maritime, qui sera évoqué lors de la rencontre, à Brest, des ministres français et japonais des Affaires étrangères et de la Défense pour la 5e édition du format « 2+2 ».

En effet, l’un des volets de ce partenariat renforcé prévoit la participation d’une frégate française [le « Vendémiaire », a priori] à des missions de surveillance des trafics illicites à destination de la Corée du Nord. Le vaisseau français sera engagé aux côtés de navires japonais et américain.

« Une frégate de surveillance française participera avec les forces américaines et japonaises à la surveillance de l’application de l’embargo sur ces trafics, ainsi qu’un avion de surveillance maritime français », a en effet indiqué une source « proche du dossier » à l’AFP et à l’agence Reuters.

Le porte-avions Charles de Gaulle sera également un acteur clé de la coopération navale franco-japonaise. Il participera en effet à un exercice mené conjointement avec la marine nippone au large de Djibouti, où la France et le Japon disposent de facilités militaires. D’autres manoeuvres de ce type pourraient avoir lieu dans l’océan Indien. Mais, pour le moment, le conditionnel est de mise.

Comme il l’est aussi pour une éventuelle escale du groupe aéronaval français au Japon. En tout cas, tel est le voeu des autorités japonaises. « Nous souhaitons une escale au Japon. Ce n’est pas encore confirmé […] Ca serait un grand évènement symbolique », a ainsi souligné Yoshihiro Higuchi, le porte-parole de l’ambassade nippone à Paris.

Si une telle escale est programmée, alors le porte-avions Charles de Gaulle devra croiser, avec son escorte, dans les eaux de la mer de Chine méridionale, revendiquée dans sa quasi-totalité par Pékin, au risque d’y menacer la liberté de navigation.

En tout cas, dans un entretien donné au quotidien La Provence, en octobre, et alors qu’elle était interrogée sur le fait de savoir si le Charles-de-Gaulle pouvait constituer un « élément de réponse » aux ambitions maritimes chinoises, la ministre des Armées, Florence Parly, avait répondu la France manifesterait sa « liberté d’agir et de naviguer » en mer de Chine méridionale.

En avril, le président Macron avait fixé le cap, lors d’un voyage officiel en Australie, en affirmant vouloir « construire un axe indo-Pacifique » pour « faire respecter la liberté de navigation et de circulation aérienne » face aux risques « d’hégémonie » de la Chine.

Par ailleurs, le volet industriel et capacitaire ne devrait pas être oublié lors de cette rencontre au format 2+2 étant donné qu’il sera question de lancer un étude conjointe sur un drone sous-marin anti-mine, sous l’égide de Thales et de Mitsubishi Heavy Industries. Visiblement, la coopération militaire entre la France et le Japon va de l’avant, en dépit d’autres dossiers épineux, comme l’affaire Ghosn et la mise en examen, à Paris, de Tsunekazu Takeda, le président du comité olympique japonais.

Photo : Marine nationale

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