Le Royaume-Uni envisage d’établir des bases militaires dans les Caraïbes et en Asie du Sud-Est

À la fin des années 1960, sous l’impulsion du Premier ministre travailliste Harold Wilson, le Royaume-Uni décida d’abandonner la plupart des bases militaires dont il disposait de par le monde, en particulier celles situées à « l’est de Suez » [un « mot » emprunté à l’écrivain Rudyard Kipling, passé désormais dans le langage courant pour désigner cette politique de retrait, ndlr]. Et, à l’époque, la Grande-Bretagne ne faisait pas encore partie de la Communauté économique européenne [CEE].

Ce retrait militaire était alors motivé par plusieurs raisons. D’une part, à l’ère de la dissuasion nucléaire et des mouvements de décolonisation, ces bases militaires britanniques n’étaient plus aussi pertinentes que par le passé. D’autre part, elles étaient trop coûteuses à entretenir. Ce retrait fut achevé en 1997, avec la rétrocession de Hong Kong à la Chine.

Au tournant des années 2010, la présence militaire britannique outre-Mer se limitait notamment à l’Allemagne, à Chypre, à Bruneï [avec l’École de guerre de la Jungle et un bataillon des Royal Gurkha Rifles, dans le cadre du British Military Garrison Brunei] ainsi qu’à l’océan Indien [British Forces British Indian Ocean Territories, ndlr] et aux îles Falklands. Plus récemment, la Royal Navy a inauguré une base à Bahreïn. Une première depuis la stratégie dite « à l’est de Suez ».

Mais le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, a l’intention de rompre avec la politique définie en 1967/68. Ainsi, a-t-il indiqué, dans les colonnes du Sunday Telegraph, le 30 décembre, Londres envisage d’établir au moins deux nouvelles bases militaires outre-Mer. Il s’agit, a-t-il expliqué, de permettre au Royaume-Uni de « devenir un véritable acteur mondial » après sa sortie de l’Union européenne [Brexit].

« Le moment est venu d’être à nouveau un véritable acteur mondial – et je pense que les forces armées jouent un rôle très important à cet égard », a fait valoir M. Williamson, qui a aussi annoncé que le Royaume-Uni allait établir des « relations plus étroites » avec l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, les États des Caraïbes et les pays d’Afrique. En clair, avec le Commonwealth.

Cela étant, M. Williamson n’a pas voulu dire où seraient précisément implantées ces bases militaires britanniques qu’il appelle de ses voeux. « Nous examinons des opportunités non seulement en Extrême-Orient mais également dans les Caraïbes », a-t-il seulement déclaré.

Les propos du ministre britannique ont cependant été critiqués au sein de son propre camp politique, lequel est divisé entre pro et anti-Brexit. Ainsi, la députée conservatrice Anna Soubry, hostile à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, a accusé M. Williamson ne de pas avoir les moyens de ses ambitions.

« Quel fouillis total. Être membre de l’UE n’a aucune incidence sur notre politique de défense. Cela n’a jamais été le cas. Sauf que le Brexit appauvrira notre pays, ce qui signifie moins d’argent à dépenser pour la défense », a lancé Mme Soubry.

Au sein de l’opposition travailliste, le député Chris Leslie n’a pas été moins sévère. « Les déclarations de Gavin Williamson selon lesquelles le Brexit permettrait au Royaume-Uni de construire des bases en Extrême-Orient ou dans les Caraïbes trahissent une ignorance de la stratégie militaire », a-t-il estimé.

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