La remise à plat contractuelle du programme d’avion de transport A400M suspendue à une décision allemande

Face aux problèmes rencontrés lors du développement de l’avion de transport A400M Atlas et aux surcoûts générés par ces derniers [environ 8 milliards d’euros, ndlr], Airbus souhaita renégocier les contrats de livraison concernant cet appareil avec ses clients, via l’organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr]. Et les discussions débutèrent en février dernier.

L’objectif était donc de tout remettre à plat en revoyant le calendrier de livraisons des A400M ainsi que celui des mises à niveau [retrofit] des appareils déjà livrés, afin de les doter des capacités tactiques inscrites dans leur cahier des charges, comme le largage des parachutistes en mode automatique et le ravitaillement en vol des hélicoptères. En terme technique, l’on appelle cela le « re-baselining. »

Seulement, ces négociations n’ont pas été simples à mener, comme l’avait expliqué Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en octobre.

« L’A400M n’est certainement pas le plus grand succès des programmes d’armement de ces dernières années, mais il est en phase de redressement. Les choses ont été engagées début 2018, il nous reste à transformer les principes de ce re-baselining […] en un contrat en bonne et due forme, et, pour ne rien vous cacher, nous constatons actuellement quelques difficultés dans la négociation entre l’OCCAr et Airbus, entre l’OCCAr et les six nations participantes. J’espère que nous y arriverons d’ici à la fin de l’année », avait en effet dit le M. Barre.

D’après le quotidien Les Échos, un accord a été trouvé par les parties prenantes au début du mois. A priori, aucun des pays clients [France, Allemagne, Belgique, Luxembourg, Royaume-Uni, Espagne, Turquie] n’a revu à la baisse le nombre d’A400M commandés. Cependant, les livraisons devraient s’étaler jusqu’en 2030, avec un rythme de production ne devant pas aller en-deça de 8 appareils par an, soit le minimum pour éviter à Airbus de perdre de l’argent.

Quant aux capacités tactiques, et si l’on se réfère aux explications données par M. Barre aux députés, le retrofit « doit s’étaler entre 2021 et 2026 » [au moins pour ce qui concerne les 25 avions qu’aura reçus l’armée de l’Air d’ici 2025, ndlr]. « C’est un peu long, j’en conviens, mais c’est ce qui a été décidé », avait-il dit.

Cela étant, cet accord doit trouver une traduction juridique. Et ce n’est a priori pas pour tout de suite, car, toujours selon le journal économique, il faut pour cela un feu vert du Bundestag [chambre basse du Parlement allemand], qui aura à se prononcer sur cette question qu’au printemps prochain.  « Et chacun espère que ce dernier ne fera pas tomber le fragile château de cartes », écrit-il. D’autant plus que Berlin aurait pris l’engagement d’aider les « pays en difficultés budgétaires, comme l’Espagne, à repousser dans le temps leurs commandes ».

La force aérienne espagnole a commandé 27 A400M. Or, elle envisagerait de n’en disposer finalement que 13. L’une des solutions passerait par… le troc. En effet, Madrid et Séoul discuteraient de l’éventualié d’échanger 4 à 6 A400M contre des avions d’entraînement produits par Korea Aerospace Industries.

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