M. Macron assure que la France s’engagera à renforcer la coopération régionale face aux jihadistes de Boko Haram
Mis sur la défensive par une Force multinationale mixte déployée par les pays de la commission du lac Tchad [Nigéria, Niger, Cameroun, Tchad, plus le Bénin], l’on pouvait penser que le groupe jihadiste nigérian Boko Haram allait être durablement affaibli, d’autant plus qu’il se scinda en deux factions rivales, dont une, appelée « ISWAP », est directement affiliée à l’État islamique [EI].
Seulement, plusieurs éléments ont fait que l’organisation terroriste a progressivement repris de la vigueur, en raison du retrait du contingent tchadien de la FMM au Niger, des difficultés à recueillir du renseignement, des mauvais équipements des soldats nigérians [du moins, c’est ce que ces derniers prétendent, ndlr], de la fin du recours aux sociétés militaire privées [SMP] par Abuja et, surtout d’un manque de « stratégie globale ».
Dans un premier temps, fin 2017, les Nations unies ont fait état d’une forte » intensification des attaques attribuées à Boko Haram, « en particulier au Nigéria ». Puis, dans un autre rapport publié l’été dernier, elles ont affirmé que, avec des « attaques […] ayant considérablement gagné en complexité […], l’inquiétude grandit face à un possible resserrement des liens unissant les groupes islamistes en Afrique de l’Ouest et au Sahel, et à l’emploi de plus en plus fréquent d’engins explosifs improvisés au Burkina Faso et au Niger. »
Et d’indiquer que la faction « État islamique en Afrique de l’Ouest » [ISWAP] de Boko Haram tendait à élargir sa présence dans d’autres pays, en particulier au Sénégal et en Libye. En outre, cette dernière a multiplié les attaques contre les forces armées nigérianes, ces dernières subissant, a priori, de lourdes pertes. Depuis juillet, plus de 20 emprises militaires ont ainsi été visées, dont deux ont pu être repoussées le 7 décembre.
D’où les propos tenus par le président Macron lors de sa visite au Tchad, où il a passé un moment avec les militaires de la force Barkhane et rencontré Idriss Déby Itno, son homologue tchadien.
Ainsi, M. Macron a souligné « l’importance, aujourd’hui peut-être plus criante encore qu’hier, de la sécurité du lac Tchad et donc de la présence de Boko Haram » au sujet de laquelle « nous sommes […] très inquiets. Aussi a-t-il réaffirmé « l’engagement de la France pour renforcer la coopération régionale » sous toutes ses formes contre cette organisation jihadiste.
« Nous serons en particulier présents pour accélérer le soutien de l’Union européenne : 55 millions d’euros doivent être débloqués. La France fera en sorte que ce soit rapide », a assuré le président français. « Et comme je l’avais annoncé au Nigeria, nous sommes en train d’accompagner plusieurs projets en faveur des populations du lac Tchad, des projets concrets à hauteur de 20 millions d’euros, qui sont indispensables si on veut éviter la déstabilisation des populations dans la région, éviter que les jihadistes ne gagnent du terrain », a-t-il ajouté.
Les forces françaises ne sont pas directement engagées dans le combat contre les factions de Boko Haram. Cela étant, ces dernières années, elles mirent en place une cellule de coordination et de liaison (CCL) adossée à l’état-major de la force Barkhane, déployèrent deux détachements de liaison et de contact au Niger et au Cameroun, et assurèrent des vols de reconnaissance. En décembre 2017, elles effectuèrent deux frappes aériennes contre ce groupe jihadiste, ans la région de Bosso [Niger].
Le Tchad et le Niger sont en outre confrontés à une double menace jihadiste : au nord avec les groupes affiliés ou alliés à al-Qaïda, au sud avec Boko Haram. D’où la appartenance à la Force multinationale mixte et à la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S].
Au sujet de cette dernière, le président tchadien a indiqué qu’elle commencera « en janvier » des « opérations ponctuelles », alors que les fonds qui lui avaient été promis sont loin d’avoir été entièrement débloqués par les pays donateurs. « Seulement 100 millions d’euros ont été effectivement versés » et « 215 millions d’euros sont en cours de contractualisation », a précisé l’Élysée. Pour rappel, plus de 400 millions d’euros avaient été promis par la communauté internationale…
Pour M. Déby, trouver une solution à la crise libyenne doit être prioritaire. Faute de quoi, « nous aurons encore longtemps à lutter contre le terrorisme », a-t-il prevenu, avant de remercier la France pour ses interventions. « Imaginez dans quelle situation nous serions si la France n’était pas intervenue au Mali et en Centrafrique », a-t-il dit.