Inde : L’industriel HAL critiqué par des députés pour son incapacité à produire l’avion de combat Tejas

Pendant des mois, l’opposition indienne, incarnée par le Parti du Congrès, dirigé par Rahul Gandhi, a mené une campagne contre le gouvernement en place en l’accusant d’avoir imposé Reliance Group à Dassault Aviation dans le cadre du contrat visant à livrer 36 avions Rafale à l’Indian Air Force [IAF]. Et cela, aux dépens des intérêts d’Hindustan Aeronautic Limited [HAL], c’est à dire le principal constructeur aéronautique local.

En effet, la politique « Make in India » prévoit que la moitié montant du contrat relatif au Rafale [soit 7,8 milliards d’euros, selon les estimations, avec les munitions, la formation et le soutien compris] soit réinvestie en Inde, au titre des compensations industrielles [ou offset]. Cela étant, Reliance Group n’est pas le seul partenaire de Dassault Aviation, qui, par ailleurs, s’est toujours défendu d’avoir été influencé par qui que ce soit pour faire son choix. Des partenariats ont en effet aussi été signés avec d’autres entreprises indiennes, comme BTSL, DEFSYS, Kinetic, Mahindra, Maini ou encore SAMTEL.

Aussi incongru que cela puisse paraître, cette affaire a rebondi en France, où l’ONG Sherpa, dont on se demande en quoi elle a pu être lésée, a déposé une plainte auprès du Parquet national financier [PNF] contre Dassault Aviation « afin d’éclaircir les conditions dans lesquelles 36 avions de combat » Rafale ont été vendus à l’Inde en 2016. Quoi qu’il en soit, le dossier est désormais clos : la semaine passée, la Cour suprême indienne ayant rejeté les appels exigeant une enquête sur des soupçons de trafic d’influence, au motif qu’elle « n’a aucun élément substantiel prouvant des pratiques de favoritisme commercial ».

Dans le même temps, une commission parlementaire, dirigée par Mallikarjun Kharge, un membre éminent du Parti du Congrès, et donc de l’opposition, a rendu un rapport pour le moins sévère à l’endroit de HAL. Et, d’une certaine manière, l’on pourrait même penser qu’il conforte le choix de Reliance Group pour le contrat Rafale.

Ainsi, cette commission a exprimé sa « grave préoccupation » quant au fait que Hindustan Aeronautics Ltd « n’a toujours pas fourni le nombre requis » d’avions de chasse Tejas à l’Indian Air Force, ce qui peut avoir des « répercussions négatives » sur le potentiel de combat de cette dernière ainsi que sur la sécurité du pays.

Et pour cause. Le développement du LCA [Light Combat Aircraft] Tejas a commencé en 1983, afin de remplacer, à terme, les MiG-21 d’origine soviétique. Sa forme actuelle a ensuite été fixée en 1990 et son premier vol a été réalisé en 2001. Pour ce projet, les ingénieurs indiens sont quasiment partis de rien, le seul avion conçu en Inde ayant été le HAL HF-24 Marut, au début des années 1960. Et encore avait-il été réalisé grâce à l’aide d’ingénieurs allemands.

Le résultat est que, 35 ans plus tard, le programme LCA Tejas a toujours du mal à avancer, notamment à cause des retards pris dans la mise au point de son moteur. Seulement 9 exemplaires ont été livrés à l’IAF sur les 200 attendus ainsi que 20 avions d’entraînement. Et la version navalisée risque de rester encore pendant longtemps dans les cartons.

« Le comité note avec une grave préoccupation que, en raison du manque de R & D [recherche et développement] dans le secteur de l’aviation, le pays doit débourser des sommes considérables pour l’achat d’appareils de combat et d’avions civils auprès de pays étrangers », indique le rapport, cité la presse indienne. « Il est inutile de mentionner qu’en temps de guerre, il serait difficile pour le pays de se procurer des avions de combat auprès de pays inamicaux », ajoute le document. Sans doute est-ce une allusion à la proximité de la Russie avec la Chine, sachant que l’Inde est une grande cliente de l’industrie militaire et aéronautique russe?

En outre, l’IAF a dû lancer des programmes visant à moderniser les appareils déjà en service, dont les MiG-21, MiG-27, Jaguar et autres Mirage 2000.

L’Indian Air Force « devra dépendre d’avions importés pendant encore longtemps », souligne le rapport. En janvier 2017, elle comptait 33 escadrons contre 42 prévus dans son contrat opérationnel. D’où, d’ailleurs, l’appel d’offres MMRCA [Medium Multi-Role Combat Aircraft], pour lequel Dassault Aviation avait été retenu. Cette prodécure, qui prévoyait l’assemblage de 108 avions en Inde [sur 126 commandés] fut ensuite annulée en raison des complications relatives au montage industriel, dans lequel HAL devait jouer un rôle central. Finalement, le gouvernement indien décida se procurer 36 Rafale dans le cadre d’un contrat intergouvernemental.

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