Pour Washington, une nouvelle offensive turque contre les milices kurdes syriennes serait « inacceptable »

Peu importe, pour le président turc, Recep Tayyip Erdogan, que les milices kudes syriennes [YPG] soient impliquées dans l’offensive visant à réduire les dernières positions tenues par l’État islamique [EI ou Daesh] à l’est de l’Euphrate, dans la province de Deir ez-Zor… Les considérant comme « terroristes » à cause de leurs liens avec le Parti des travailleur du Kurdistan [PKK], à l’origine du sanglante guérilla en Turquie, il entend en effet lancer une offensive « dans les prochains jours » afin de les chasser des zones qu’elles occupent dans le nord de la Syrie, soit à la frontière turque.

« Nous disons que notre opération pour sauver l’est de l’Euphrate de l’organisation terroriste séparatiste va commencer dans les prochains jours », a en effet affirmé M. Erdogan, en faisant référence aux YPG.

Pourtant, en « étroite relation » avec Ankara, Washington a établi des postes d’observation le long de la frontière afin de prendre en compte les préoccupations exprimées par les autorités turques. Et d’empêcher ainsi une nouvelle opération militaire [qui serait la troisième, ndlr] contre les milices kurdes syriennes, dont l’apport dans le combat contre l’EI est capital pour la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

Et l’on pouvait penser que ces mesures allaient tempérer l’ardeur de la Turquie, alors que, en octobre, son artillerie avait bombardé des positions kurdes près de Kobané, tout en évoquant l’imminence d’une opération militaire dans ce secteur. Conséquence : les YPG, et plus largement les Forces démocratiques syriennes, dont elles constituent l’épine dorsale, décidèrent de suspendre leur offensive anti-EI dans le secteur de Hajine.

D’où la réaction du Pentagone aux derniers propos tenus par M. Erdogan. « Une action militaire unilatérale de toute partie dans le nord-est de la Syrie, plus particulièrement dans une zone où du personnel américain pourrait être présent, est très inquiétante », a affirmé capitaine Sean Robertson, un porte-parole. « Nous considérerions une telle action comme inacceptable », a-t-il même insisté.

De son côté, Youssef Hammoud, le porte-parole de la coalition syrienne de groupes rebelles al-Jaich al-Watani, soutenue par la Turquie, a précisé que l’opération en cours de planification à Ankara concernerait « toutes les régions [du nord de la Syrie], de Manbij à Tal Abyad, sans exception. » Et d’ajouter : « Les factions du Jaich al-Watani ont été mises au courant il y a un moment » et des entraînements sont actuellement « supervisés par des officiers turcs. »

La question du soutien de la coalition anti-jihadiste [et des États-Unis] est l’un des points de friction récurrents entre Washington et Ankara [tous deux membres de l’Otan]. En août 2016, alors que la Turquie venait de lancer l’opération « Bouclier de l’Euphrate » en direction de Manbij, le Pentagone avait déjà qualifié « d’inacceptables » les combats menés par les troupes turques [ou soutenues par la Turquie] contre les milices kurdes syriennes.

Photo : Char Leopard 2 turc

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