Rheinmetall veut faire main basse sur le projet de char franco-allemand

« Concernant le système majeur de combat terrestre (MGCS), sous leadership allemand, […] un cahier des charges pour les études conceptuelles et les activités de R&D [recherche et développement, ndlr] sera convenu fin 2018. Rheinmetall, KMW et Nexter (sociétés du groupe KNDS), seront chargés de faire une proposition industrielle afin de mener avec succès les études et les activités de R&D respectives à partir de mi-2019 », a précisé un communiqué publié la semaine passée par Florence Parly, la ministre française des Armées et Ursula von der Leyen, son homologue allemande.

La mention de Rheinmetall, un poids-lourds de l’industrie allemande de l’armement, avait alors de quoi surprendre dans la mesure où, jusqu’alors, il n’avait jamais été cité quand il s’agissait d’évoquer le projet de char franco-allemand. En effet, il semblait acquis que ce dernier allait être conduit par KNDS, la co-entreprise détenue à parts égales par Wegmann GmbH & Co, propriétaire de Krauss-Maffei Wegmann [KMW] et Giat Industries, propriétaire de Nexter Systems. Restait à déterminer, pensait-on, les industriels les plus compétents pour fournir les systèmes de combat collaboratif devant équiper le successeur des Leclerc et Leopard 2.

Seulement, le 26 novembre, Rheinmetall a fait part de son intention de racheter Krauss-Maffei Wegmann, qui appartient à la famille Bode-Wegmann. Le décès, en septembre dernier, de Manfred Bode, qui présidait le conseil de surveillance du constructeur de blindés, a-t-il précipité les choses?

En tout cas, Rheinmetall a bel et bien annoncé que des discussions étaient actuellement en cours en vue de ce rachat. Ce qui a fait grimper le cours de ses actions de 6,5%. Plus précisément, il est question de négociations portant sur « une éventuelle prise de participation dans KNDS conduisant à une acquisition indirecte de la filiale de KNDS, Krauss-Maffei Wegmann GmbH & Co. KG. »

Déjà, quand il était question d’un rapprochement entre Nexter Systems et Krauss-Maffei Wegmann, Rheinmetall avait tenté de faire capoter l’opération en faisant une contre-proposition à son concurrent (et partenaire) allemand, qu’il convoitait alors déjà depuis longtemps.

« Dans l’accord (passé avec Nexter), les deux parties s’engagent à ne pas discuter fusion avec des tierces parties pendant une période définie », avait expliqué, à l’époque, un porte-parole de Krauss Maffei Wegmann, pour justifier la fin de non-recevoir adressée à Rheinmetall.

Cela étant, l’opération annoncée le 26 novembre n’est pas encore faite. « La question de savoir si la transaction est juridiquement réalisable et économiquement viable est actuellement examinée par le directoire de Rheinmetall AG et dépend d’un grand nombre de facteurs politiques, économiques et réglementaires », est-il précisé dans le communiqué publié par l’industriel.

Et le facteur politique évoqué concerne justement le sort de KNDS… Car si ce rachat entre dans les faits, alors la relation avec Nexter Systems risque fort d’être déséquilibrée, étant donné que Rheinmetall est d’une toute autre envergure que Krauss Maffei Wegmann, son portefeuille d’activités étant plus large, de même que son chiffre d’affaires.

Pour le moment, les autorités françaises n’ont pas réagi à l’annonce de Rheinmetall, pas plus que Nexter Systems, qui risque de se trouver marginalisé dans le projet MGCS.

Photo : Rheinmetall AG

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