Des jihadistes nigérians ont visé une entreprise française au Niger

Dans la nuit du 21 au 22 novembre, près du village de Toumour, dans la région de Diffa [sud-est du Niger], un bâtiment utilisé par l’entreprise française de forage Foraco a été attaqué par une vingtaine d’hommes armés venus du Nigéria.

Selon les explications données par Foraco, « un groupe de terroristes a attaqué le bâtiment où se reposait une équipe de foreurs et techniciens », après une journée de travail passée sur un chantier de forage d’eau destiné à alimenter un camp de réfugiés. « Les assaillants ont ouvert le feu sur le personnel qui dormait », a précisé l’entreprise française.

Cette attaque a fait 8 tués, dont 7 techniciens locaux et un fonctionnaire du ministère nigérien de l’Hydraulique. Cinq autre personnes ont été blessées, dont deux gravement. Le bâtiment qui abritait les employés de Foraco avait été choisi en accord avec les Forces armées nigériennes, chargées de leur protection. Aucun ressortissant français ne fait partie des victimes.

La région de Diffa a régulièrement le théâtre d’incursions meutrières du groupe jihadiste nigérian Boko Haram. Au point que la France y avait déployé un Détachement de liaison et d’appui opérationnel (DLAO) auprès des forces nigériennes.

D’après le gouverneur de Diffa, Mahamadou Bakabé, « un des éléments de Boko Haram » a aussi été tué durant l’attaque. Mais l’on ignore à quelle faction du groupe jihadiste il appartient.

En effet, Boko Haram s’est scindé en deux entités, l’une étant restée fidèle à son chef « historique », Abubakar Shekau, l’autre ayant suivi Abou Mosab al-Barnaoui, nommé à la tête de l’ISWAP [État islamique en Afrique de l’Ouest] en 2016. La première faction s’en prend régulièrement aux civils tandis que la seconde cible généralement les forces armées et les intérêts occidentaux.

Le gouvernement a également indiqué les assaillants ont « emporté deux véhicules de la Foraco, dont un a été retrouvé calciné par ces sauvages en cours de route. »

Selon Thierry Merle, le directeur Europe/Moyen-Orient, les assaillants devaient être bien informés au moment de lancer leur attaque puisque cette dernière a eu lieu au moment où la quinzaine de militaires nigériens chargés de protéger le site étaient partis faire une patrouille dans les environs, laissant ainsi les techniciens présents sur place. Des sources sécuritaires ont confié que des membres ou des sympathisants de la mouvance jihadiste vivent dans les camps de réfugiés, d’où ils renseignent Boko Haram sur les mouvements des forces de sécurité.

« Nous n’avions jamais rencontré jusque-là de problème similaire. On sait bien que Boko Haram est présent dans la région mais à ce jour nous n’avons eu aucune revendication. Nous n’avions pas reçu de menace particulière », a précisé M. Merle auprès de l’AFP.

Présente dans 22 pays, la société Foraco est le troisème foreur minier au monde. Dans la région de Diffa, elle a été chargé de réaliser « deux forages d’eau profonds aux alentours du camp de réfugiés de Toumour afin de rendre les conditions de vie meilleures pour les personnes déplacées, dans cette zone semi-désertique et aride. »

Après avoir été mises sur la défensive par l’action de la Force multinationale mixte [FMM], mise en place par le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Niger, les factions de Boko Haram ont repris de la vigueur au cours de ces derniers mois. L’ISWAP est probablement la plus active, dans la mesure où elle a multiplié les attaques contre les bases militaires nigérianes.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]