Otan : En 2019, les forces spéciales belges devraient être déployées en Afghanistan

Le dernier rapport de l’Inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan [SIGAR], qui dépend du Cogrès des États-Unis, s’est inscrit dans la lignée des précédents, à savoir que la situation afghane est loin de s’améliorer. Ainsi, a-t-il avancé, les autorités de Kaboul ne contrôleraient plus que 55% du territoire, le reste étant contesté, sinon passé sous la domination du mouvement taleb. Et cette estimation est encore optimiste si l’on en croit l’étude du site américain Long War Journal.

En outre, alors que le couvercle est mis sur les pertes subies par les forces afghanes, le chef du Pentagone, James Mattis, a lâché, le 30 octobre, en marge d’une conférence à Washington, que les policiers et les militaires afghans ont déploré « plus de 1.000 victimes pour les seuls mois d’août et de septembre ». Une tendance confirmée par le SIGAR, ce dernier ayant avancé que « depuis 2015, le nombre de victimes au sein des forces de sécurité afghanes n’a jamais été aussi élevé qu’entre le 1er mai et le 1er octobre [2018] ».

Pour rappel, le 1er mai coïncide avec le début de l’offensive que le mouvement taleb lance traditionnellement au printemps.

Le président afghan, Ashraf Ghani, a quant à lui affirmé que, depuis le début de l’année 2015, près de 30.000 policiers et soldats afghans ont été tués… Soit un bilan nettement plus élevé que tous ceux précédemment avancés.

Sur le front diplomatique, le mouvement taleb a été invité à Moscou pour prendre part à des négociations de paix, auxquelles le gouvernement de Kaboul n’a pas souhaité s’associer. Et il discutent également avec les États-Unis, via leur bureau de représentation au Qatar.

Et l’émissaire américain pour l’Afghanistan, Zalmay Khalilzad, a dit, le 18 novembre, espérer que « les talibans et les autres Afghans utiliseront l’élection présidentielle [du 20 avril] comme une échéance pour parvenir à un accord de paix d’ici là. » Et d’insister, tout en se disant « prudemment optimiste » : « Les talibans disent qu’ils ne croient pas pouvoir réussir militairement… Je pense qu’il y a une opportunité de réconciliation et de paix. »

Plus tôt, lors d’un déplacement à Kaboul qui n’avait pas été préalablement annoncé, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, avait affirmé que si la « situation [afghane] restait préoccupante », le « potentiel de paix était plus élevé maintenant que depuis de nombreuses années ». « Les talibans doivent comprendre que poursuivre le combat ne sert à rien et que c’est contre-productif », avait-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, il n’est pas question pour l’Otan [ni pour les États-Unis] de réduire la voilure en Afghanistan et donc de revoir le format de la mission Resolute Support, qui vise à former, entraîner et appuyer l’armée nationale afghane [ANA]. « Nul ne doit douter de la position de l’Otan : elle continuera de fournir le soutien que le gouvernement afghan a demandé, de manière à aider l’Afghanistan à assurer pleinement sa propre sécurité », avaient ainsi affirmé les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Alliance, en avril dernier.

Dans ce contexte, plusieurs pays européens ont annoncé leur intention de renforcer leur présence militaire en Afghanistan. L’Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont ainsi fait ce choix. Et la Belgique envisage de faire de même, d’après le plan des opérations militaires 2019 que vient de présenter Sander Loones, le nouveau ministre de la Défense.

« En Afghanistan, la Resolute Support Mission (RSM) demeurera la mission la plus importante. Par son biais, l’Otan dispense des formations, prodigue des conseils et une assistance aux autorités afghanes. La Belgique continuera d’être présente au quartier général de Kaboul, à des postes d’appui et de formation. Un peloton de reconnaissance continuera d’assurer le processus Train, Advise, Assist Command – North (TAAC-N) à Mazar-e-Sharif », y est-il expliqué dans ce document.

Mais ce dernier précise également que « l’engagement du Special Operations Regiment est, quant à lui, toujours à l’étude. » Selon la presse d’outre-Quiévrain, ce déploiement concernerait 135 militaires des forces spéciales belges.

Actuellement, 80 à 90 soldats belges sont présents en Afghanistan, dont 70 en appui des troupes allemandes déployées à Mazar-e-Sharif. En 2019, leur nombre pourrait donc plus que doubler.

Conséquence de ce mouvement : la Belgique serait militairement moins impliquée en Irak contre l’État islamique [EI ou Daesh], même si la mission visant à former les troupes irakiennes continuera.

Cela étant, précise le plan, « les Belges poursuivront l’exécution de certaines fonctions de support auprès de l’état-major de l’opération Inherent Resolve » au Koweït ou à Bagdad, depuis l’US Central Command et l’US Special Operations Command à Tampa (États-Unis) ». Et des « opérateurs radar seront engagés à Al Dhafra dans les Émirats arabes unis », de même que des spécialistes du renseignement renforceront « l’European Partnership Integration Enterprise (EPIE) à Ramstein (Allemagne) ».

Photo : Défense belge

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