De violents combats ont été signalés dans la région du Tibesti, au Tchad

Le jour du 58e anniversaire de l’indépendance du Tchad, le 11 août dernier, des rebelles tchadiens appartenant au « Conseil de commandement militaire pour le salut de la République » [CCMSR], une organisation installée en Libye, ont lancé une offensive en direction de la localité de Kouri Bougri qui, située dans le massif du Tibesti, à l’extrême-nord du pays, abrite des mines d’or.

Dans la foulée, N’Djamena y a lancé une opération militaire pour en chasser les « milliers d’orpailleurs » qui exploitent l’or de façon « illégale ». Depuis, la situation s’est visiblement enlisée, malgré l’engagement de moyens relativement importants, dont des avions d’attaque Su-25 et des hélicoptères de combat. En effet, les combats y sont de plus en plus fréquents, tout en gagnant en intensité.

« Les autorités tchadiennes ont justifié leur mobilisation en évoquant la lutte contre les orpailleurs. Lorsque nous avons constaté l’envoi de l’armée de l’air, on a compris qu’il s’agissait d’autre chose. N’Djamena veut en finir avec le CCMSR qui attire de plus en plus de monde dans ses rangs », a expliqué un « observateur des droits de l’homme » au quotidien La Croix, en septembre.

Fin octobre, à Miski, l’état-major tchadien a indiqué que des « forces de défense » ont été attaquées par un « groupuscule de terroristes ». Et d’assurer que la situation était « sous contrôle », sans pour autant donner de détails sur les pertes éventuellement subies et infligées à l’adversaire, dont l’identité n’a pas non plus été précisée.

Quelques jours plus tard, Mouli Sougui, le sous-préfet de Yebbi-Bou a remis sa démission, après avoir évoqué les évènements ayant eu lieu à Miski. Ainsi, et comme l’avait affirmé un député de la région ayant requis l’anonymat, les affrontements en question auraient opposé l’armée et des habitants qui contestaient le nouveau découpage admnistratif de la région.

« [Le président] Déby et son clan voudraient absolument mettre la main sur la richesse de Miski. J’ai dit cela en connaissance de cause. Sous mes responsabilités. C’est-à-dire pendant que j’étais sous-préfet. Déby et sa famille ont tenté à maintes reprises d’exploiter l’or de Miski, en dehors de tout cadre légal », a expliqué ce responsable démissionnaire, cité par RFI, après avoir dénoncé « des bombardements aériens, des pillages et des incendies de maisons ».

Le ministre tchadien de la Sécurité publique, Ahmat Mahamat Bachir, a rejeté ces allégations. Toutefois, il a admis que les ressources aurifères étaient bel et bien un sujet de préoccupation. « Il y a des mercenaires, des terroristes, des esclavagistes, qui ne veulent pas que le gouvernement, l’Etat, mette la main sur ces ressources-là! », a-t-il dit. Et de prévenir : « Le gouvernement ne lésinera sur aucun moyen! Nous allons tout engager pour nettoyer la zone! Nous allons engager tous les moyens pour défendre le territoire national! Tous les moyens, je dis bien! »

Seulement, les habitants de Miski, l’ex-sous-préfet en tête, se sont réunis en « comité d’auto-défense » afin de réagir aux « exactions » imputées à l’armée. Et, depuis le début du mois, de violents combats ont eu lieu, obligeant les Su-25 et les hélicoptères tchadiens à intervenir.

« Les affrontements se déroulent à l’intérieur et à l’entrée de Miski », a précisé, ce 14 novembre, M. Sougui, désormais porte-parole de ce « comité d’auto-défense ». Il s’agit, a-t-il expliqué, de protester contre « l’expédition punitive » de l’armée tchadienne. Évolution pouvant être inquiétante pour N’Djamena, l’ex-sous-préfet a évoqué la possibilité avec les rebelles du CCMSR qui, selon lui, auraient progressé depuis le coup de force à Kouri Bougri.

Quoi qu’il en soit, les autorités tchadiennes ne communiquent que très peu sur la situation dans le nord du Tibesti. L’on sait que les opérations y sont dirigées par le général Mahamat Kaka Déby, chef de la Direction générale des services de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE) et fils du président Déby, qui a dû d’ailleurs écourter un déplacement à Palerme [Italie].

La situation dans le nord du Tchad intéresse la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S], dans le mesure où le quartier général de son fuseau « Est » doit y être installé, précisément à Zouar, ville située sur les contreforts ouest du Tibesti.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]