Après 50 ans de service, l’avion de guerre électronique EA-6B Prowler va passer la main

En 2015, l’US Navy retira du service ses derniers avions de guerre électronique EA-6B Prowler, leur mission étant reprise par des E/A-18 Growler. Toutefois, l’US Marine Corps [USMC] en conserva quelques exemplaires, réunis au sein du Marine Tactical Electronic Warfare Squadron 2 [VMAQ-2], basé à Cherry Point, en Caroline du Nord.

En 2016, des EA-6B Prowler furent ainsi engagés au Levant, dans le cadre de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis. Grâce à l’AN/ALQ-99 Tactical Jamming System, ces appareils menèrent des missions visant à empêcher les communications ennemis en brouillant les fréquences radios et les téléphones cellulaires, l’objectif étant de priver l’État islamique [EI ou Daesh] de la capacité à faire manoeuvrer ses combattants. Et l’on peut supposer également que ces avions ont été utilisés pour collecter des informations sur les systèmes russes de défense aérienne installés en Syrie grâce à capteurs pouvant repérer les émissions radar.

Depuis, les EA-6B Prowler du VMAQ-2 ont régulièrement été déployés au Moyen-Orient, précisément au Qatar, non seulement pour brouiller les communications de l’EI au Levant mais aussi pour mener des missions en Afghanistan, au titre de l’opération « Freedom’s Sentinel. »

Mais, à l’avenir, ce ne sera plus le cas puisque ces appareils viennent de définitivement rentrer aux États-Unis, le VMAQ-2 devant être désactivé. Ce qui signifie aussi la fin pour l’EA-6B Prowler, qui aura donc connu la guerre du Vietnam, le raid américain sur Tripoli (en 1986), l’opération Tempête du Désert, les interventions en Bosnie, au Kosovo ainsi que les récents engagements militaires américains en Irak, en Afghanistan et en Syrie.

Malgré son âge, l’EA-6B aura donné pleinement satisfaction au cours de son dernier déploiement, avec un taux de disponibilité à faire rougir les avions les plus récents. Du moins, c’est ce qu’ont affirmé des membres du VMAQ-2 car l’activité et le nombre d’heures de vol réalisés au Levant et en Afghanistan sont « classifiés ».

Au cours du temps, l’EA-6B Prowler, dérivé de l’A-6 Intruder, n’aura cessé de prendre de l’importance à mesure du retrait d’autres avions spécialisés dans la guerre électronique, tels que les F-4G Wild Weasel et autres EF-111 Raven.

« Bien qu’il s’agisse du déploiement final de l’EA-6B, le besoin de guerre électronique restera élevé dans le monde entier à l’avenir », a d’ailleurs commenté le capitaine de vaisseau Robert Ryland, officier de contre-mesures électroniques au VMAQ-2.

Cela étant, l’USMC ne remplacera pas ses EA-6B par des E/A-18 Growler, comme l’a fait l’US Navy. Il est en effet question d’appliquer une « stratégie distribuée », c’est à dire qu’il s’agira d’installer une nacelle [Intrepid Tiger II] sur n’importe quel aéronef des Marines, afin de faire en sorte que chaque plateforme puisse fonctionner comme un capteur et/ou un « noeud de guerre électronique ». En outre, il s’agira également de miser sur les capacités du F-35B dans ce domaine ainsi que sur les drones.

« Le Prowler aura été une bête de somme vraiment incroyable pour le Corps des marines, les États-Unis et les forces alliées pendant de nombreuses décennies. […] Je sais que les gens qui volent et réparent ces avions les respectent beaucoup, comme certainement ceux qui nous ont précédés », a commenté le capitaine de vaisseau Ryland.

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