L’armée de Terre est « prête à aider le Service de santé des armées, y compris au niveau des effectifs »

En matière de ressources humaines, les services de soutien n’ont pas été gâtés par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, laquelle évoque leur « transformation » qui, comme l’a récemment rappelé Florence Parly, la ministre des Armées, aux sénateurs vise à « à simplifier les procédures et à éviter les doublons » et « doit permettre d’avoir plus de numérique, plus de facilité ».

Reste que la question de leurs effectifs demeure cruciale, notamment pour ce qui concerne le Service de santé des Armées [SSA]. Au plus ce dernier a-t-il obtenu un répit de deux ans au niveau des déflations de postes qu’il doit consentir au titre du plan SSA 2020, décidé en 2013, soit à une période marquée par de « fortes contraintes budgétaires. » Or, au cours de la LPM 2014-19, il a vu ses effectifs fondre de 8%, alors que son activité opérationnelle s’est accentuée.

« Cette pression opérationnelle a engendré, malgré l’apport précieux des réservistes, une sujétion surélevée pour les équipes médicales et chirurgicales du SSA », a admis sa directrice, Mme le Médecin général des armées Maryline Gygax Généro, lors d’une audition parlementaire en janvier dernier.

Selon un rapport du Sénat, publié à la fin 2017, il manque une centaine de médecins au SSA. Ce qui « conduit à concentrer sur les mêmes personnels la charge de projection du service : ainsi les personnels projetés effectuent 200% du contrat opérationnel. »

Cette suractivité opérationnelle a deux conséquences : la fidélisation du personnel « usé prématurément », pour reprendre les termes de Mme le MGA Gygax Généro, en souffre, de même que la formation continue ainsi que la préparation opérationnelle. Ce qui fait évidemment peser un rsique sur le maintien de certaines compétences.

S’agissant de la fidélisation, le secrétaire général pour l’administration [SGA], Jean-Paul Bodin, a récemment fait état de mesures spécifiques pour retenir les médecins du SSA, afin, a-t-il dit, de « tenter d’enrayer les nombreux départs auxquels nous sommes confrontés à l’heure actuelle. » Et d’ajouter : « Si cette situation perdurait, nous rencontrerions de très sérieuses difficultés pour répondre aux missions opérationnelles. »

Pour l’armée de Terre, les personnels du SSA ont une importance évidemment cruciale. Leur « sollicitude et leur professionnalisme sont remarquables », a souligné le général Jean-Pierre Bosser, son chef d’état-major [CEMAT], lors d’une audition à l’Assemblée nationale pour évoquer le projet de loi de finances 2019.

« Le soutien médical des forces est un enjeu majeur pour l’armée de Terre », a encore fait valoir le général Bosser. Aussi, a-t-il continué, « celle-ci est prête à aider le Service de santé des armées, y compris sur le plan des effectifs, car le fait de disposer d’une chaîne de santé complète, autonome et performante est un élément déterminant de notre capacité à nous engager au combat. » Est-ce à dire qu’elle serait prête à réduire (un peu) ses effectifs au profit du SSA?

Quoi qu’il en soit, au Sénat, Mme Parly a semblé vouloir relativiser les difficultés du SSA. « Le service de santé des armées s’est engagé depuis plusieurs mois dans le plan SSA 2020, qui vise notamment à assurer la cohérence de l’articulation du SSA avec le service public de santé qu’il intègre progressivement tout en conservant des spécificités militaires », a-t-elle rappelé. « Il est confronté, comme le service public de santé, à des difficultés liées à un nombre insuffisant de médecins », a-t-elle continué.

En outre, a poursuivi la ministre, « le fait que des réservistes viennent appuyer le SSA en OPEX me semble extrêmement positif, d’autant qu’il s’agit d’un véritable effort de la part des médecins hospitaliers qui libèrent du temps à cet effet. Cela permet au SSA de bénéficier de spécialistes qui eux-mêmes se forment à d’autres techniques pendant leur temps de présence à nos côtés. »

Enfin, a conclu Mme Parly, « qu’il existe des tensions, nul ne le conteste, mais pas davantage que dans les hôpitaux civils. Le problème de la pyramide des âges n’est pas non plus spécifique au SSA. Il se mobilise en conséquence pour faciliter la rotation des médecins en OPEX. Je puis vous rassurer qu’en 2019, les effectifs du SSA seront stables. Sa directrice est, par ailleurs, mobilisée pour fidéliser le plus possible notre personnel. »

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