La force Barkhane intervient contre les jihadistes au Burkina Faso, en appui des troupes locales

Ces derniers jours, le Burkina Faso a de nouveau été la cible d’attaques terroristes, notamment dans le nord et l’est. Ainsi, le 5 octobre au soir, au moins six policiers burkinabè ont perdu la vie dans les environs de la localité de Sollé, près de la frontière avec le Mali, quand un engin explosif improvisé (IED) a explosé au passage de leur véhicule.

« Le reste du convoi a essuyé des tirs d’individus armés, qui ont également occasionné des blessés », a précisé une source sécuritaire à l’AFP. Une « opération de ratissage est en cours dans la zone, avec des renforts venus d’autres localités », a indiqué une seconde.

Le lendemain, un militaire burkinabè a été tué par un IED vers la localité de Pama, située à une centaine de kilomètres de Fada N’Gourma, capitale de la région de l’Est, où, deux jours plus tôt, 6 autres militaires avaient péri dans les mêmes circonstances, sur l’axe Gayéri-Foutouri.

La forêt de Pama passe pour être un repaire de jihadistes et de criminels. D’après l’AFP, des habitants y ont signalé des frappes aériennes, effectuées en appui d’une opération de « nettoyage » de la région. C’est lors de cette dernière que le militaire burkinabè a été tué.

Selon RFI, la force Barkhane est engagée dans cette opération. « Plusieurs véhicules aux couleurs de l’armée française ont sillonné les routes de la région entre Bogandé et Pama », ont rapporté des témoins, qui ont également évoqué la présence d’avions de combat et d’hélicoptères.

« Pendant que les hélicoptères et les avions pilonnent la forêt, les troupes au sol font le ratissage », a expliqué une source sécuritaire.

Via Twitter, le journaliste Olivier Fourt (RFI), a indiqué que Barkhane avait engagé des hélicopères d’attaque Tigre et Gazelle à Pama.

L’implication des militaire français dans l’opération visant la forêt de Pama a été indirectement confirmée par Florence Parly, la ministre des Armées. « Il y a quelques jours une première opération a eu lieu, ce qui ne s’était jamais fait jusqu’à présent, suivie d’une autre ce week-end », a-t-elle en effet confié à l’AFP, alors qu’elle venait d’arriver au Tchad pour une visite de deux jours, le 8 octobre.

La première opération évoquée par Mme Parly a eu lieu le 4 octobre. À la demande des autorités burkinabé, une patrouille de deux Mirage 2000, appuyé par un drone MQ-9 Reaper et un avion ravitailleur C-135, a frappé une colonne jihadiste qui venait d’attaquer la gendarmerie d’Inata (nord du pays). Selon des sources locales, au moins 7 terroristes ont été tués.

Cette activité jihadiste au Burkina Faso s’explique par le fait que ce pays est le maillon faible de la lutte contre le terrorisme. Ses forces armées peinent à se réorganiser depuis le départ du président Blaise Compaoré, en octobre 2014, marqué par la dissolution d’unités d’élite qui n’ont pas été remplacées. En outre, les populations des régions visées, délaissées par le pouvoir central, ont été ciblées par le prédicateur islamiste Malam Dicko, le fondateur du groupe Ansarul Islam.

Et il y a urgence. « Il faut s’attendre à une intensification des attaques dans les mois à venir. L’accalmie pendant la saison des pluies, de juin à août, était stratégique, c’est une période d’incubation pour ces groupes. Ils ont eu le temps de se préparer, de se ravitailler en carburant et en vivres. Ils sont prêts », a prévenu le chercheur Mahamoudou Savadogo, spécialiste de la question sécuritaire au Sahel, dans les colonnes du Monde.

La situation dans l’est du Burkina Faso est à suivre de très près. Pour les jihadistes, s’y installer leur permettrait non seulement de menacer d’autres pays comme le Ghana et le Bénin, de se rapprocher de Niamey et contrôler les routes des trafics d’armes et de drogue. « En ouvrant un nouveau front dans l’Est, ces éléments viseraient à mettre en difficulté la stratégie de la force conjointe du G5 Sahel », avait précédemment estimé M. Savadogo.

Justement, à propos de la Force conjointe du G5 Sahel, Mme Parly a reconnu les difficultés rencontrées pour sa montée en puissance, les financements promis à cet effet (plus de 400 millions d’euros) tardant à être débloqués. Actuellement, elle a atteint 80% de ses effectifs (sur 5.000 hommes, soit 7 bataillons). Pour autant, selon la ministre française, son état-major, dirigé par le général mauritanien Hanena Ould Sidi, lequel est assisté par un général tchadien), a prévu de mener trois opérations ce mois-ci.

Quoi qu’il en soit, la force Barkhane risque de multiplier les interventions au Burkina Faso, qui, par ailleurs, accueille la Task Force « Sabre », c’est à dire les forces spéciales françaises engagées au Sahel.

« Lorsque j’avais rencontré le président Kaboré [en juillet, à Ouagadougou,ndlr], j’avais fait une offre de service en disant que si les autorités burkinabè souhaitaient pouvoir s’appuyer sur Barkhane, comme on le fait au Niger ou au Mali, Barkhane était tout à fait disposée à monter ce type d’opérations », a expliqué Mme Parly. « Je ne dis pas que c’est la solution à tous les problèmes du Burkina Faso mais je pense qu’une étape utile, constructive a été franchie », a-t-elle continué.

« Avec le Burkina, nous restons disponibles car le rôle de Barkhane, c’est aussi d’appuyer les forces nationales partout où c’est nécessaire et si elles le demandent », a encore insisté la ministre française.

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