La Malaisie a des problèmes pour faire voler ses avions de combat Su-30 MKM livrés par la Russie

Au début des années 2000, la Malaisie négocia avec la Russie un contrat portant sur la livraison de 18 avions de combat Sukhoï Su-30 MKM. Et la totalité de la commande fut honorée entre 2007 et 2009.

Or, près de dix ans après la réception du dernier appareil par la force aérienne malaisienne, il se trouve que seulement 4 de ces 18 Su-30 MKM sont opérationnels, les autres n’étant plus en état de voler. Ce chiffre a été donné le 31 juillet par Mohamad Sabu, le ministre malaisien de la Défense, lors d’une séance au Parlement.

Ce problème de disponibilité serait lié au fait que, au bout de 10 ans de service, les Su-30 MKM doivent obligatoirement subir une « grande visite », ce qui supposerait de les renvoyer en Russie pour mener à bien cette opération. Mais le prix demandé par la partie russe serait trop élevé pour la Royal Malaysian Air Force (RMAF).

Par ailleurs, en 2013, Kuala Limpur avait signé un contrat de 100 millions de dollars avec le constructeur russe Sukhoï pour assurer la maintenance technique des 18 Su-30 MKM. Et, visiblement, il y a aussi des soucis à ce niveau-là car M. Sabu a aussi dit rechercher un autre prestataire, local cette fois, pour garantir la disponibilité opérationnelle de ces avions.

Un responsable du ministère malaisien de la Défense, cité par Free Malaysia Today a confié, le 6 septembre, que le « problème avec les avions russe est l’approche russe », cette dernière manquant, selon lui, de « transparence. »

« Ils [les Russes] étaient censés nous soutenir pendant un certain temps après l’achat des avions. Mais ils n’ont pas tout dit. Lors de la passation du marché, nous n’avons pas été informés de la nécessité de procéder à certains types d’opérations de maintenance après 10 ans, qu’ils sont les seuls à pouvoir faire », a expliqué ce responsable.

Ce qu’une source au sein de l’industrie a confirmé à Free Malaysia Today. « L’entretien des avions russes est plus coûteux car il doit passer par des tiers », a-t-elle dit. C’est à dire qu’il faut d’abord passer par une société d’État (Rosoboronexport?), qui transmet ensuite les demandes de pièces et de prestations au constructeur concerné, en l’occurrence Sukhoï. D’où certaines « complications » avec la « bureaucratie russe », a précisé le responsable du ministère, pour qui les « choses sont plus simples » avec les Occidentaux. Pour rappel, la Malaisie dispose également des F/A-18 Hornet (Boeing), des BAE Hawk 208 britanniques ainsi que différents types d’avions de transport et d’hélicoptère européens et américains.

Reste que les autorités russes ont nié toute difficulté dans la maintenance des Su-30 MKM. « S’il y avait un intérêt à maintenir les avions de combat Sukhoï en service, l’absence de financement adéquat pour leur entretien aurait pu être évité », a déclaré l’ambassade de Russie à Kuala Lumpur, non sans raison d’ailleurs puisque les demandes budgétaires exprimées par la RMAF n’ont jamais été satisfaites, à en croire un rapport d’audit publié en 2017.

« Les experts militaires russes et étrangers ont reconnu à maintes reprises que les avions militaires russes font partie des moins chers au monde en termes de prix et de maintenance, tout en offrant d’excellentes performances dans l’accomplissement des missions opérationnelles », a encore ajouté l’ambassade russe.

Et d’insister : « En Inde, par exemple, près de 300 avions de combat polyvalents Su-30 et MiG-29 constituent le pilier de la force aérienne du pays. »

Sauf que le cas indien n’est pas forcément le plus idoine dans la mesure où les Su-30 MKI de l’Indian Air Force n’ont pas été épargnés par les problèmes techniques. Un rapport du Comptroller and Auditor General (CAG, l’équivalent de la Cour des comptes française), publié en 2015, fit état de leur faible taux de disponibilité, « en raison du manque de pièces de rechange et de la non-disponibilité des installations de réparation adéquates. »

Cette question sur les Su-30 MKM malaisiens n’est sans doute pas étrangère à un autre dossier : celui du remplacement des 10 MiG-29 de la Royal Malaysian Air Force, dont on ignore si, eux-aussi, sont en état de vol. Plusieurs informations circulent à leur sujet : ils auraient été retirés du service en novembre 2017, à cause d’un manque de pièces détachés et il se dit qu’ils pourraient être repris par l’Inde ou modernisés (une option défendue par plusieurs médias russes).

Évidemment, si ces MiG-29 devaient être « rétrofités », alors cela renverrait aux calendes grecques leur remplacement. Or, pour ce marché de 18 nouveaux appareils, Dassault Aviation (Rafale) et le consortium Eurofihgter étaient donnés encore récemment comme favoris.

Cela étant, Kuala Lumpur a officiellement – et pour la seconde fois – reporté l’acquisition de nouveaux avions de combat en juillet 2017. Deux ans plus tôt, les autorités malaisiennes avaient expliqué ce report par des difficultés budgétaires, liées à la baisse du prix du pétrole. Puis, l’an passé, il était question de nouvelles priorités en matière de sécurité, liées notamment au terrorisme.

Au niveau régional, la Malaisie a des échanges parfois tendus avec l’Indonésie à cause de différends territoriaux. En revanche, et malgré des revendications territoriales en mer de Chine méridionale, Kuala Lumpur et Pékin ont des relations apaisées. Seulement, avec le retour au pouvoir de Manhattir Mohamad, qui fut Premier ministre entre 1981 et 2003, cela pourrait être moins vrai à l’avenir. En août, ce dernier a annulé trois contrats de 22 milliards de dollars relatifs à des projets d’infrastructrures portés par la Chine et conclus par son prédécesseur, Najib Razak, lequel est passé par la case « prison » pour corruption.

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