Le ministre japonais de la Défense dénonce « l’escalade militaire » de la Chine

L’an passé, l’activité des bombardiers stratégiques chinois H-6K s’est accentuée, avec pas moins de 12 vols constatés autour des « points chauds » de la région Indo-Pacifique. Et plusieurs ont concerné le Japon, notamment dans le secteur de l’archipel Senkaku (dont la souveraineté est contestée par la Chine) et celui d’Okinawa, où est installée une importante base militaire américaine.

Un autre sujet de préoccupation pour Tokyo est la situation en mer de Chine méridionale, où Pékin joue la carte de la politique du fait accompli en militarisant les archipels Spratleys et Paracel afin de s’en assurer la totale maîtrise, malgré les revendications exprimées par les pays voisins et un avis de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, selon lequel les prétentions chinoises sur ces territoires « n’ont aucun fondement juridique ».

Or, le trafic commercial en mer de Chine mériodionale est essentiel pour la Japon. Un chiffre : 70% de ses importations pétrolières transitent par le détroit de Malacca, à proximité des îles Spratley et Paracels.

La semaine passée, le ministère japonais de la Défense a mis l’accent sur la menace que représente toujours, à ses yeux, la Corée du Nord, dont la volonté de dénucléariser la péninsule coréenne reste encore à démontrer, d’après les rapports des Nations unies et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Le 2 septembre, c’est la menace chinoise qui a été mise en avant par Itsunori Onodera, le ministre nippon de la Défense. « La Chine a rapidement amélioré sa force militaire et a rapidement accru ses activités militaires », a-t-il affirmé, lors du rassemblement annuel des hauts gradés des Forces d’autodéfense japonaises.

La Chine « intensifie unilatéralement ses activités militaires dans les espaces maritimes et aériens de notre pays. Cela est devenu une préoccupation majeure pour la défense de notre pays », a insisté M. Onodera.

En janvier, Tokyo avait ainsi protesté contre l’incursion d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) chinois de type 093 (classe Shang) dans les eaux des îles Senkaku.

Ces propos ont été tenus par M. Onodera alors que le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, cherche à améliorer les relations entre Tokyo et Pékin, où il doit se rendre d’ailleurs bientôt. En outre, et c’est une donnée du problème, la Chine reste le principal débouché pour l’économie japonaise, avec des exportations nettes qui ont représenté le tiers de la croissance économique de l’archipel depuis le début de l’année 2017.

Cependant, le Japon cherche aussi à developper ses relations militaires avec l’Inde, qui est l’un des principaux concurrents de la Chine dans la région Indo-Pacifique. En août, M. Onodera et son homologue indienne, Nirmala Sitharaman, ont convenu de négocier un accord d’acquisition et de soutien logistique [ACSA] et confirmé la tenue, l’automone prochain, d’un exercice mené conjointement par l’Indian Army et la composante terrestre des forces d’autodéfense nippones.

« La coopération en matière de sécurité entre le Japon et l’Inde est vitale pour la stabilité régionale et nous continuerons à approfondir notre partenariat », a commenté le ministre japonais de la Défense, le 21 août.

En attendant, le 31 août, la marine japonaise et l’US Navy ont effectué des manoeuvres en mer de Chine méridionale. Ces dernières ont mobilisé un groupe aéronaval américain constitué autour du porte-avions USS Ronald Reagan et la 4e flottille d’escorte nippone, emmenée par le porte-hélicoptères JS Kaga et les destroyers lance-missiles Inazuma et Suzutsuki.

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