L’Allemagne douche les espoirs de la Géorgie d’intégrer « rapidement » l’Otan

Cela fait maintenant un moment que la Géorgie toque à la porte de l’Union européenne et de l’Otan. Sans succès pour le moment, même si elle a envoyé des troupes en République centrafricaine pour démontrer ses bonnes dispositions quand la plupart des pays membres de l’UE regardaient ailleurs quand il était question de lancer l’opération EUFOR RCA ou, plus récemment, de constituer la Force protection de la mission EUTM RCA, qui vise à former les soldats centrafricains.

Et c’est sans compter sur les contributions de la Géorgie, relativement importantes au regard du format de ses forces armées, à la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) et à la mission Resolute Support, dirigées par l’Otan en Afghanistan.

Seulement, ce pays du Caucase n’a pas les meilleures relations du monde avec la Russie, avec laquelle il a été en guerre en août 2008. Et depuis, Moscou a accru son influence militaire et économique sur l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, deux régions séparatistes géorgiennes. D’où ses tentatives, jusqu’à présent infructueuses, de rejoindre l’Otan.

Cela étant, lors du dernier sommet de l’Alliance atlantique, organisé à Bruxelles les 11 et 12 juillet derniers, Tbilissi a eu une ouverture, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, ayant assuré le président géorgien, Guiorgui Margvelachvili, de son soutien.

Mieux : « La Géorgie deviendra membre de l’Otan », a même affirmé M. Stoltenberg. « L’Alliance soutient l’intégrité territoriale de la Géorgie à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, y compris les régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Et nous vous félicitons pour votre engagement à respecter la ligne directrice de l’Otan qui consiste à consacrer 2% du PIB à la défense », a-t-il dit.

« De nombreux experts estiment que quiconque a la maîtrise de la mer Noire ou y exerce une suprématie peut aisément projeter sa puissance sur le continent européen, principalement dans les Balkans et en Europe centrale, mais aussi en Méditerranée orientale, ainsi que dans le Caucase du Sud et dans le nord du Moyen-Orient », explique-t-on, en effet, du côté de l’Otan, en soulignant le fait que Moscou « n’a pas cessé d’y renforcer sa posture militaire. »

Aussi, la Russie n’a pas manqué de réagir aux propos de M. Stoltenberg, son Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, ayant évoqué un « conflit terrible » en cas d’adhésion de la Géorgie à l’Otan, dont l’expansion constitue, aux yeux de Moscou, une « clairement une menace. »

Sur ce point, Oana Lungescu, la porte-parole de l’Alliance, a mis les choses au clair. « Les actions de l’Otan sont défensives, proportionnées et conformes à ses engagements internationaux », a-t-elle fait valoir dans un courrier cité par l’agence Reuters.

« L’Otan a déployé 4.000 soldats dans la partie orientale de l’Alliance, afin de prévenir toute agression éventuelle. Ces troupes ne peuvent se comparer aux divisions déployées par la Russie. En revanche, la Russie a des troupes en Ukraine, en Géorgie et en Moldavie contre la volonté des gouvernements de ces pays’, a encore insisté Mme Lungescu.

Cela étant, la règle de l’unanimité étant de mise, à l’Otan, pour accueillir un nouveau membre, la Géorgie ne pourra pas compter sur le soutien de l’Allemagne. Du moins tant qu’Angela Merkel sera chancelière.

« Je ne vois pas d’adhésion rapide à l’Otan pour la Géorgie, c’est la position de l’Allemagne », a en effet déclaré Mme Merkel, lors d’une rencontre avec les étudiants de l’Université de Tbilissi, le 24 août. « Les choses viennent graduellement », a-t-elle ajouté.

Pour rappel, en 2008, la chancelière allemande et le président français, qui était Nicolas Sarkozy, s’étaient opposés à l’adhésion de la Géorgie à l’Otan, lors du sommet du Bucarest. Quelques semaines plus tard, la guerre russo-géorgienne éclatait…

Quoi qu’il en soit, Mme Merkel a réaffirmé le soutien de l’Allemagne à « l’intégrité territoriale de la Géorgie », en établissant un parallèle avec la situation dans le Donbass, en Ukraine.

« Nous sommes en discussion très étroite sur d’autres questions liées à l’Ukraine et nous essayons de résoudre ce conflit. Je crois que ces conflits sont quelque peu liés. Malheureusement, nous n’y avons guère progressé, malgré des efforts acharnés. Je ne peux que vous assurer que nous n’oublierons pas cette injustice et que nous veillerons à ce qu’elle reste à l’ordre du jour », a ainsi déclaré Mme Merkel, après avoir rencontré Mamuka Bakhtadze, le Premier ministre géorgien, le 23 août.

Photo : Détachement géorgien d’EUTM RCA

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