Mali : Un important chef jihadiste s’est rendu aux autorités algériennes

Le 11 août dernier, les autorités algériennes ont annoncé la reddition, avec armes et bagages, de Sultan Ould Bady, le chef de la katiba jihadiste « Salah Eddine », dans la région de Tamanrasset (sud de l’Algérie). Selon Alger, ce dernier développement « vient s’ajouter au bilan des résultats positifs réalisés dans le cadre de la lutte antiterroriste et confirmer l’efficience des différentes approches visant l’éradication du fléau du terrorisme. »

Parmi ces approches évoquées par le communiqué, il y aurait notamment un « accord secret », passé entre l’Algérie, le Mali et la France, pour offrir une « immunité » aux jihadistes qui déposeraient les armes en territoire algérien. D’après le site Middle East Eyes, plus de 40 membres de groupes armés terroristes (GAT) ont fait ce choix depuis 2017, dont Larbi Khelifa, l’un des « émirs » de la katiba « al-Furqan ».

Issu d’une tribu arabe du Tilemsi, responsable de plusieurs attaques contre la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA), Sultan Ould Bady a connu un parcours difficile à suivre au sein de la mouvance jihadiste. Recruté au début des années 2000 par l’algérien Mokthar Belmokthar (disparu de la circulation depuis), il rejoignit al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), puis le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), au sein duquel il croisa Adnane Abou Walid al-Sahraoui, le futur chef de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS).

Impliqué dans plusieurs rapts d’Occidentaux dans la bande sahélo-saharienne, dont celui du Français Gilberto Rodrigues Léal, mort en captivité en 2014, Sultan Ould Bady quitta le Mujao avec sa katiba « Salah Eddine » pour rejoindre le groupe Ansar Dine, dirigé par le touareg Iyad Ag Ghali. Mais pas pour longtemps puisqu’il se rapprocha ensuite de l’organisation al-Mourabitoune de Belmokthar. Et c’est par elle qu’il retrouva, d’une certaine manière, les rangs d’AQMI.

En mars 2017, la katiba « Salah Eddine » intégra le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), une nouvelle structure fédérant plusieurs mouvements jihadistes, dont Ansar Dine, AQMI, le Front de libération du Macina et al-Mourabitoune. Probablement que les relations entre Sultan Ould Bady et Iyad Ag Ghali furent difficiles… Puisque moins d’un an plus tard, il fit allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’État islamique (EI).

Désormais alliée à al-Sahraoui, le chef de l’EIGS, la katiba « Salah Eddine » fut impliquée, ces derniers mois, dans les combats contre le Mouvement arabe pour l’Azawad (MAA) et le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), deux organisations pro-Bamako, signataires des accords de paix d’Alger.

Mais ce ralliement aura été un mauvais calcul pour Sultan Ould Bady, étant donné que l’EIGS fut mis sous pression par la force française Barkhane et les groupes armés pro-Bamako, dans la région dite des trois frontières, parce située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

« Les pressions auxquelles l’État islamique du Grand Sahara est soumis et l’absence de soutien de la part de la structure centrale de l’EI aboutiront probablement à une coopération renforcée avec le GSIM, mais pas à une fusion », note par ailleurs un récent rapport des Nations unies relatif à la mouvance jihadiste.

Aussi, ayant des relations compliquées avec la plupart des chefs jihadistes de la bande sahélo-saharienne tout en étant sous pression, Sultan Ould Bady n’avait probablement pas d’autre choix que de devenir le plus haut responsable terroriste de la région à se rendre aux autorités algériennes. Reste maintenant à voir si d’autres membres de sa katiba en feront de même, ce qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour l’EIGS.

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