Les États-Unis vont accorder 39 millions de dollars au Sri Lanka pour renforcer la sécurité maritime (et contrer la Chine)
Au cours des dix années pendant lesquelles il fut président du Sri Lanka, Mahinda Rajapaksa s’est appuyé sur Pékin pour obtenir un appui à la fois diplomatique, militaire et économique. Ce que dans le cadre de sa stratégie dite du « collier de perles », la Chine ne pouvait pas refuser… D’où les prêts (à des taux d’intérêt élevés) qu’elle accorda presque sans compter à l’État sri-lankais, à la condition que les infrastructures qu’ils devaient financer fussent confiés à des entreprises chinoises.
En 2015, l’élection du président Maithripala Sirisena changea la donne. En effet, ce dernier souhaitait rompre avec la ligne de son prédécesseur en rétablissant de bonnes relations avec l’Inde tout en cherchant à réduire l’influence chinoise dans son pays. Signe de ce « retournement » : le Sri Lanka refusa, en mai 2017, l’accès de l’un de ses ports à un sous-marin chinois.
Seulement, avec 12,3 milliards de dollars de dettes sur le dos, les marges de manoeuvre sont réduites. En mai dernier, le Sri Lanka a dû emprunter un milliard pour faire face à ses échéances… Et c’est la China Development Bank qui apporta les fonds. Plus tôt, après des mois de négociations et une forte pression, le gouvernement sri lankais a céder le port d’Hambantota et ses 6.000 hectares à la Chine pour une durée de 99 ans.
Or, ce port, situé sur l’une des routes maritimes les plus fréquentées du monde, assure ainsi à la Chine une position stratégique dans une région longtemps dominée par l’Inde.
« C’est ainsi que Pékin, qui prétendait n’avoir que ‘des visées commerciales’ au Sri Lanka, s’est assuré un siècle de souveraineté sur un morceau de territoire bordant l’une des routes maritimes les plus fréquentées au monde, avec une base capable d’accueillir sa marine, ses sous-marins et ses services secrets », a résumé le New York Times, dans une enquête publiée en juin.
Pour l’Inde, mais aussi pour les États-Unis, la stratégie chinoise dite du « collier de perles » pose problème. D’où la décision américaine d’accorder une aide de 39 millions de dollars au Sri Lanka pour « renforcer la sécurité maritime. »
« Le département d’État fournira les fonds en tant que financement militaire étranger, en attendant l’approbation du Congrès », a précisé l’ambassade des États-Unis au Sri Lanka. « Nous sommes impatients de discuter avec le gouvernement sri lankais de la manière dont cette contribution peut soutenir […] les priorités du Sri Lanka en matière d’aide humanitaire et de réponse aux catastrophes », a-t-elle ajouté le communiqué.
Cette aide financière fait partie d’une enveloppe de 300 millions que les États-Unis entendent débloquer « pour renforcer la coopération en matière de sécurité » dans le bassin Indo-Pacifique.
« La somme couvrira également une initiative dans le golfe du Bengale, dont les voies maritimes relient l’océan Indien à l’Asie de l’Est. Avec d’autres pays, notamment l’Inde, le Bangladesh et le Sri Lanka, les États-Unis échangeront des données relatives au transport maritime commercial dans le but d’améliorer la sécurité et de réagir aux menaces émergentes », avait expliqué, début août, la diplomatie américaine.
Carte : EdgarFabiano, via wikimedia.org