Le chef du Pentagone avale son chapeau sur la création d’une force spatiale américaine

En juillet 2017, deux élus du Congrès lancèrent une initiative afin de créer une sixième branche des forces armées américaines qui serait dédiée uniquement aux opérations spatiales. Si une telle mesure fut d’abord adoptée par la Chambre des représentants, le Sénat, convaincu par des arguments développés par James Mattis, le chef du Pentagone, l’écarta finalement.

À l’époque, M. Mattis avait en effet objecté qu’une « force spatiale », allait favoriser une « conception plus étroites des opérations dans l’espace » et aboutir à un « esprit de clocher ». Et puis cela était susceptible de rendre le Pentagone encore plus bureaucratique qu’il ne l’était tout en étant extrêmement coûteux.

Puis, en mars, le président Trump reprit cette idée de force spatiale à son compte. Mieux même : quelques semaines plus tard, il ordonna de prendre les dispositions nécessaires pour la mettre en place.

La semaine passée, et alors que le Pentagone venait de proposer la création d’un commandement interarmées dédié aux opérations spatiales, à l’image de ceux dont il dispose déjà pour certaines fonctions ou aires géographiques, comme l’US STRACOM [commandement stratégique] ou l’US CENTCOM [commandement militaire pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient], le vice-président américain, Mike Pence, a enfoncé le clou.

« Le temps est venu d’écrire le prochain chapitre de l’histoire de nos forces armées, de se préparer pour le prochain champ de bataille. L’heure est venue d’établir la Force de l’espace des Etats-Unis », a en effet lancé M. Pence, le 9 août.

Bien que les arguments qu’il a avancés un an plus tôt n’aient pas perdu une once de leur pertinence, M. Mattis a donc dû avaler son chapeau. Lors d’un déplacement au Brésil, le 13 août, il a en effet déclaré que « la création d’une force spatiale serait la bonne façon de réorganiser l’approche du Pentagone dans le domaine de l’espace. »

« Je n’étais pas opposé à la création d’une force spatiale. Ce à quoi je m’étais opposé, c’était de le faire avant de pouvoir définir le problème », a affirmé le chef du Pentagone, en répondant à des journalistes qui l’interrogeaient sur ses arguments avancés l’été dernier.

« Nous sommes favorables à une capacité de combat organisée dans le sens de ce que le président [Trump] a défini », a insisté M. Mattis.

La création de cette nouvelle US Space Force sera proposée à l’occasion de l’examen du projet de budget pour l’exercice 2020, ce qui devrait coûter plusieurs milliards de dollars. Reste à voir ce qu’en dira le Congrès…

Que l’espace tende à devenir un lieu de confrontation est une chose. Pour autant, il n’est pas certain que créer une force dédié soit forcément une bonne chose, dans la mesure où les opérations spatiales sont « transversales. Par exemple, comme le bon fonctionnement de satellites peut être affecté par une attaque informatique, la prise en compte d’une telle menace exigerait de doter cette US Space Force de capacités spécifiques lui permettant d’y faire face. Ce qui reviendrait sans doute à enlever des moyens à l’US Cyber Command.

En outre, le progrès technologique aidant, de nouvelles applications peuvent voir le jour. Ainsi, l’Air Mobility Command, qui dépend de l’US Air Force, songe à des moyens de transporter du fret sur de très longues distances plus rapidement via des véhicules suborbitaux ou des fusées réutilisables.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]