La Turquie veut former une « armée nationale » syrienne avec les rebelles qu’elle soutient

Devant ses partisans, le 12 août, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a prévenu : la Turquie, membre de l’Otan, cherche de « nouveaux alliés » alors qu’elle est confrontée à une crise diplomatique avec les États-Unis et que sa monnaie s’effondre face au dollar, à cause, a-t-il dit, d’un « complot politique » américain.

Et c’est probablement vers Moscou qu’Ankara va se tourner. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, doit se rendre dans la capitale turque les 13 et 14 août pour évoquer les grands dossiers du moment, dont celui de la Syrie, et plus particulièrement du sort de la province d’Idleb, que le régime de Damas a bien l’intention de reprendre aux différents groupes rebelles (dont certains appartiennent à la mouvance jihadiste) qui y ont pris racine.

Or, la Turquie ne veut pas entendre parler d’opérations dans cette province syrienne, où elle dispose d’une douzaine de postes d’observations militaires, en vertu de l’accord d’Astana.

Pour les autorités turques, il s’agit d’éviter un nouvel afflux de civils fuyant les combats vers leur territoire, alors que les zones conquises par les rebelles syriens avec l’appui turc dans le nord de la Syrie (opérations « Bouclier de l’Euphrate », avec la prise d’al-Bab et « Rameau d’olivier », avec la conquête du canton kurde d’Afrin) ont vocation à accueillir ceux qui ont déjà trouvé refuge en Turquie depuis 2011.

C’est donc dans ce contexte qu’a été annoncé la création d’une « Armée nationale » syrienne avec les groupes rebelles soutenus par Ankara. La mise en place de cette nouvelle force ne s’annonce pas aisée, à en croire le colonel Haitham Afissi, cité par l’agence Reuters.

« Nous en sommes au début. Nous sommes confrontés à de nombreuses difficultés, mais nous travaillons à les surmonter », a en effet expliqué ce colonel, selon qui les effectifs de cette « armée nationale » devraient s’élever à 35.000 combattants.

L’enjeu est d’arriver à unifier une rébellion éparpillée en une multitude de groupes qui, souvent rivaux, tiennent à leur indépendance. Cependant, le fait qu’ils aient été soutenus par la Turquie leur donne un dénominateur commun. En clair, l’appui d’Ankara pourrait faciliter cette unification, d’autant plus qu’il se traduit par le paiement des soldes, un soutien logistique et, si nécessaire, la fourniture d’armes.

Cette « armée nationale », a indiqué le colonel Afissi, aura à combattre trois « ennemis » : les milices kurdes, l’État islamique et les troupes loyales à Bachar el-Assad. Dans le cas où une opération serait déclenchée dans la province d’Idleb, elle pourrait « fusionner » rapidement avec les éléments rebelles soutenus par la Turquie. « Nous sommes prêts et tendons la main à tous les groupes qui représentent les objectifs de la révolution », a-t-il assuré.

Photo : Le colonel Haitham Afissi (au centre) en 2012 – Capture d’écran

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