Pour l’US Navy, l’activité navale chinoise dans l’Atlantique Nord crée une « nouvelle dynamique »

Pendant longtemps, la mission de la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL] se limitait à la défense des côtes de la République populaire de Chine, voire ses environs proches. Mais, avec la mondialisation des échanges et l’essor économique chinois, Pékin a d’abord adopté un concept de « défense active des mers proches », puis une stratégie « d’opérations dans les mers lointaines » afin de protéger ses voies d’approvisionnement en matières premières et en pétrole.

La croissance soutenue de ses dépenses militaires aidant, la Chine a donc accéléré le développement de ses capacités navales, tant au niveau des navires de surface que celui des sous-marins. Ainsi, en 2016, le site spécialité East Pendulum indiquait que 26 nouveaux bâtiments avaient été mis en service au sein de la marine chinoise.

Désormais, cette dernière a envoyé des unités dans l’océan Indien dans le cadre de la lutte contre la piraterie maritime qui y sévissait jusque dans les années 2015/16. Puis des navires de surface chinois ont été déployés à plusieurs reprises en Méditerranée et, plus récemment, en mer Baltique. Et cela, pour des exercices avec la marine russe.

Dans un entretien donné à VOA, l’amiral John Richardson, le chef des opérations navales de l’US Navy, s’est inquiété de cette activité navale chinoise, qui, concernant aussi l’Atlantique-Nord (et donc la côte Est des États-Unis), crée une « nouvelle dynamique ». « Même il y a cinq ans, nous n’aurions rien vu de tel », a-t-il dit.

Désormais, la « marine chinoise est une flotte océanique à la fois prête et capable d’opérer partout où Pékin le veut », a relevé l’amiral Richardson. « Ils sont certainement des compétiteurs pour nous en terme de menace navale », a-t-il ajouté.

À noter que, en 2015, cinq navires chinois – dont 3 frégates, 1 navire de débarquement et 1 autre de ravitaillement – avaient été repérés en mer de Bering, à proximité des îles Aléoutiennes, qui, situées au sud-ouest de l’Alaska, sont sous souveraineté américaine.

L’actitivé des sous-marins russes est aussi une source de préoccupation pour le plus haut gradé de l’US Navy. Selon lui, elle a atteint un niveau qui n’avait plus été atteint « depuis 25 ans », c’est à dire après la fin de la Guerre Froide. Toutefois, il reste en deçà celui observé au début des années 1980, avec plus de 200 patrouilles effectuées par les submersibles de l’URSS.

Mais ce qui inquiète le plus les marines occidentales est la nature des missions réalisées par ces sous-marins russes, en particulier la présence de ces derniers près des câbles sous-marins de communication. « La Russie s’intéresse clairement aux infrastructures sous-marines des pays de l’Otan », soulignait ainsi, en décembre 2017, le contre-amiral américain Andrew Lennon, commandant des forces sous-marines de l’Otan.

D’autant plus que la marine russe a relancé des programmes « spéciaux », comme le projet 10831 qui, connu sous le nom de Locharik, concerne la mise au point d’un sous-marin capable d’opérer dans les grandes profondeurs. Ce bâtiment ferait partie de 29e brigade de la Flotte russe du Nord, basée à Gadjievo, dans la région de Mourmansk (Arctique). Et l’on peut aussi citer d’anciens SNLe (sous-marin nucléaire lanceurs d’engins) transformés en navire espion, comme le BS-64 Podmoskovye et le BS-136 Orenburg.

Ces développements ne font que conforter la décision de l’US Navy de réactiver sa 2e Flotte, qui, chargée des opérations dans l’Atlantique Nord, avait disparu de son ordre de bataille en 2011. La cérémonie officielle marquant sa réactivation aura lieu le 24 août prochain.

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