Afghanistan : La situation reste confuse à Ghazni, cible d’une attaque de grande ampleur menée par les talibans

Dans la nuit du 9 au 10 août, les talibans ont lancé un assaut de grande ampleur contre Ghazni, la capitale de la province du même nom, située à seulement deux heures de route de Kaboul. Et cela a contraint l’aviation américaine à intervenir pour appuyer les forces afghanes chargées de défendre la ville.

Quelques heures plus tard, le lieutenant-colonel Martin L. O’Donnell, porte-parole de la mission Resolute Support, menée par l’Otan, expliquait que cette attaque n’était qu’une « vaine tentative des talibans pour prendre du terrain et faire les gros titres. » Et les autorités afghanes assuraient avoir le contrôle de la situation.

Aussi, l’on pouvait alors penser que les talibans venaient de reproduire l’action qu’ils avaient menée en mai dernier à Farah. À l’époque, ils prirent brièvement le contrôle de la ville avant de s’en retirer. En réalité, il n’en est rien.

En effet, les talibans ont maintenu leurs positions dans Ghazni, contredisant ainsi les affirmations du ministère afghan de la Défense qui, le 10 août au soir, expliquait que l’armée ratissait les rues de la ville pour déloger les derniers combattants islamistes des maisons où ils auraient pu se retrancher.

« Le gouvernement de Kaboul affirme que la situation à Ghazni est sous contrôle, mais les contacts que nous avons eu avec les responsables sur place indiquent que les combats continuent dans les faubourgs de la ville », a témoigné, le 11 août, Shah Gul Rezaye, députée de Ghazni. Et d’ajouter : « Malheureusement les communications ont été coupées vendredi après-midi par les talibans et il n’y a plus d’électricité. »

Finalement, le 13 août, les autorités afghanes ont bien été obligées d’admettre la réalité de la situation, tout en affirmant – et c’est un exercice délicat en matière de communication – qu’elle était toujours maîtrisée. En quatre jours de combat, a précisé le porte-parole du ministère de la Défense, « environ 100 membres des forces de sécurité ont perdu la vie, ainsi que de 20 à 30 civils. » Et d’avancer le bilan (non vérifiable pour le moment) de « 194 talibans tués et 147 blessés. »

Pour le moment, un autre député de Ghazni, Mohammad Arif Shahjahan, a confié à CNN que, au 13 août, les bâtiments clés de la ville, comme le siège de la police, étaient toujours contrôlés par les talibans.

Devant la gravité de la situation, les unités des forces spéciales afghanes, soutenues par des « conseillers » américains, ont été envoyées en renfort à Ghazni.

« Des conseillers américains assistent les forces afghanes et la puissance de feu aérienne des Etats-Unis a infligé des coups décisifs aux taliban, tuant plus de 140 d’entre eux depuis le 10
août », a ainsi déclaré le lieutenant-colonel O’Donnell.

Seulement, il n’y a pas qu’à Ghazni que les combats font rage. À 90 km plus à l’ouest, les taliban ont pris le contrôle du district d’Ajristan. Et l’unité de commandos qui étaient chargée de le défendre a été anéantie. D’après le New York Times, cette attaque aurait fait jusqu’à 100 tués et une vingtaine de blessés.

Ce district avait déjà fait l’objet d’une offensive en septembre 2014, quelques semaines à peine avant la fin de la mission de combat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF). À l’époque, le bilan des combats faisait état d’une centaine de tués parmi les soldats afghans.

Dans la province de Faryab, un base isolée de l’armée nationale afghane a été attaquée par les talibans. L’unité qui y était déployée a perdu plus de la moitié de ses hommes lors de cet assaut, qui a pris fin le 12 août au matin. La veille, 7 policiers et 9 soldats ont été tués par les combattants islamistes dans la province de Baghlan, au nord de Jangal Bagh, sur la route reliant Pul-i-Kumri à Kunduz.

Photo : Archive

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