Le Premier ministre russe évoque une « guerre terrible » dans le cas où la Géorgie rejoindrait l’Otan

Il y a 10 ans, la Russie lançait une opération militaire contre la Géorgie, afin de soutenir les séparatistes pro-russe d’Ossétie du Sud face à Tbilissi. Au bout de plusieurs jours de combat, un accord de paix fut négocié sous la médiation du président français, Nicolas Sarkozy.

Depuis, via la signature « d’accords stratégiques », Moscou a accentué son emprise non seulement sur l’Ossétie du Sud mais aussi sur l’Abkhazie, une autre région séparatiste géorgienne, après avoir reconnu leur indépendance à l’égard de Tbilissi. En outre, les forces russes y ont renforcé leur présence, au point que, en mars 2017, le président Poutine signa un décret visant à les autoriser à recruter des Sud-Ossètes dans leurs rangs.

Ces tensions sont en grande partie dues à des considérations énergétiques, l’oléoduc BTC [Bakou-Tbilissi-Ceyhan] passant par le territoire géorgien… tout comme le gazoduc du Caucase du Sud, qui, depuis 2006, transporte le gaz du champ de Shah Deniz [Azerbaïdjan] vers la Turquie, en passant par la Géorgie.

Reste que, pour Tbilissi, la perte de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, semble irrémédiable. « Il s’agit d’une guerre contre la Géorgie, d’une agression, d’une occupation et d’une violation flagrante du droit international », a dénoncé le président géorgien, Guiorgui Margvelachvili, au sujet de cette situation. « L’appétit de l’agresseur n’a fait que se creuser depuis l’invasion », a-t-il ajouté, en faisant référence à la Russie, qui, par ailleurs, a continué sur sa lancée en annexant la Crimée et en soutenant les séparatistes pro-russes de la région ukrainienne de Donbass.

Aussi, la Géorgie continue de frapper à la porte de l’Otan, une adhésion à cette dernière étant le seul moyen, à ses yeux, de se prémunir contre la menace russe. Seulement, les Alliés ne sont pas tous enchantés face à cette perspective…

Toutefois, lors du dernier sommet de l’Otan, qui s’est tenu à Bruxelles les 11 et 12 juillet, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a assuré la Géorgie de son soutien tout en la félicitant de ses efforts en vue de son adhésion.

« Nous soutenons pleinement les aspirations euroatlantiques de la Géorgie. Elle deviendra membre de l’Otan », a en effet déclaré M. Stoltenberg, sans pour autant donner d’échéance. Et d’ajouter : « L’Alliance soutient l’intégrité territoriale de la Géorgie à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, y compris les régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Et nous vous félicitons pour votre engagement à respecter la ligne directrice de l’Otan qui consiste à consacrer 2% du PIB à la défense. »

Seulement, pour Moscou, cette promesse faite par l’Otan à la Géorgie est « absolument irresponsable » et constitue une « menace pour la paix ». Invité à l’antenne de la radio privée Kommersant, le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev (alors président de la Russie au moment de la guerre avec la Géorgie) a dissuadé Tbilissi de chercher à remettre la main sur l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, qu’il a qualifiés de deux « territoires voisins que nous considérons comme des pays indépendants. » Car « cela pourrait provoquer un conflit terrible », a-t-il prévenu.

« J’espère que les dirigeants de l’Otan seront suffisamment intelligents pour ne pas faire de pas dans cette direction », a ensuite affirmé M. Medvedev, pour qui « l’expansion de l’Otan constitue clairement une menace pour la Fédération de Russie. »

En attendant, l’Otan a intensifié sa coopération militaire avec la Géorgie. D’où la tenue de l’exercice Noble Partner 2018, dont le lancement a coïncidé avec le 10e anniversaire du début de la guerre russo-georgienne. La participation américaine est d’ailleurs relativement importante, avec le déploiement de véhicules blindés Stryker et Bradley, de chars M1A2 Abrams et des hélicoptères AH-64 Apache et UH-60 Black Hawk.

Cela étant, la Géogie souhaite également se rapprocher de l’Union européenne [UE], voire en devenir un membre à part entière. Et le ton adopté par Federica Mogherini, la haute-représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, est identique à celui de l’Otan.

« En dix ans, la Géorgie a renforcé ses institutions démocratiques et entrepris des réformes de l’état de droit. La Géorgie a développé une économie florissante et est devenue une destination importante pour l’investissement étranger direct et le tourisme. Il représente maintenant un modèle de stabilité démocratique dans la région », a a rappelé Mme Mogherini, via un communiqué.

Aussi, « l’Union européenne réaffirme son ferme appui à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues », a-t-elle fait valoir. « Malheureusement, la présence militaire russe en Abkhazie et en Ossétie du Sud est continue, en violation du droit international et des engagements pris par la Russie en vertu de l’accord du 12 août 2008, négocié par l’Union européenne », a-t-elle dénoncé.

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