Le président russe donne le nom de régions et de villes d’Europe de l’Est à des unités blindées

Le 30 juillet, le président Poutine a signé un décret visant à réactiver le contrôle politique des forces armées russes, via la réactivation de la « direction politico-militaire », créée un siècle plus tôt par le pouvoir bolchevik et disparue lors de l’implosion de l’Union soviétique, en 1991.

Mais telle n’est pas le seule décision prise par le chef du Kremlin pour renouer avec les pratiques qui eurent cours pendant la période soviétique. Ainsi, après la Seconde Guerre Mondiale, des unités de l’Armée Rouge prirent le nom de villes (ou de régions) où elles s’étaient illustrées. Et c’est donc cette « tradition » que M. Poutine a voulu rétablir, en signant plusieurs décrets le 30 juin. Ces derniers ont été signalés par le correspondant du quotidien La Croix à Moscou.

Comme il est expliqué dans les textes signés par le président russe, il s’agit de « préserver les glorieuses traditions historiques militaires et d’éduquer les soldats dans l’esprit de dévotion à la patrie et de fidélité au devoir militaire. » Seulement, au regard du contexte actuel, il n’est pas certain que cette décision soit bien accueillie par tout le monde…

En effet, les noms choisis à titre « honorifique » pour renommer 11 unités des forces terrestres russes sont ceux de villes et de régions européennes. Plus précisément d’Ukraine, de Biélorussie, de Roumanie, de Pologne et d’Allemagne.

Quatre noms de villes (ou de régions) ukrainiennes ont ainsi été donnés à des régiments ou à des brigades motorisés. Le 400e régiment d’artillerie automoteur a reçu le « titre honorifique de « Transylvanie », qui est une région roumaine occupée par l’Armée Rouge à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le 381e régiment d’artillerie s’est vu attribuer le nom de « Varsovie » et le 102e régiment motorisé celui de « Poméranie », région à cheval sur la Pologne et l’Allemagne. En outre, deux autres unités portent désormais le nom de « Berlin ».

Là où le bât blesse, notamment en Ukraine, pays qui entretient des relations tendues avec la Russie en raison de la Crimée et du Donbass, c’est que, souligne le correspondant de la Croix, ce « culte de la victoire s’articule avec une amnésie de l’occupation par l’Armée Rouge des pays du Pacte de Varsovie de 1945 à 1991, qui nourrit toujours un profond ressentiment des populations envers le ‘grand frère russe' ».

D’autant plus que certains n’ont pas manqué de remarquer que, parmi ces unités distinguées par le président Poutine, quelques unes ont participé à la répression des mouvements anti-soviétiques en Hongrie et en Tchécoslovaquie. Ainsi en est-il, par exemple, de la 90e division de chars (désormais appelée « Vitebsk-Novgorod », Vitebsk étant le nom d’une ville biélorusse), qui participa à l’écrasement du « Printemps de Prague », en 1968.

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